Les buffles de Pokhara

Pokhara, au Népal, est vraiment un endroit magnifique. Quand tu es sur la rive, tu peux admirer le lac devant toi, et si tu te retournes le panorama est d’autant plus impressionnant, avec les sommets de l’Himalaya qui s’étendent vers le nord. Les montagnes les plus proches sont saupoudrées de neige éternelle, et celles derrière, avec leurs 7000+ mètres de hauteur, sont complètement blanches. Tu as beau te préparer mentalement, même si tu as déjà jeté ton regard sur d’autres chaînes de montagnes, l’Himalaya c’est une autre paire de manches.

En bordure du lac, la rue est longée d’hôtels, auberges, restaurants et agences de voyage, pas de doute qu’on est sur la track touristique. Il y a peu ou pas des inconvénients qui viennent avec ça, cependant, les gens sont pas fatiguants ou crosseurs, et l’abondance de places ou rester ou se nourrir pour les visiteurs assure une certaine qualité et des prix modiques. Pokhara Lakeside est décidément une place où il fait bon vivre.

Quelques kilomètres à l’intérieur des terres, il y a Pokhara la ville même, où peu de visiteurs se rendent, faute d’intérêt comparé au Lakeside. En tout cas je vois aucun touriste alors que je serpente les rues poussiéreuses et un peu chaotiques, et les petits bonhommes bruns me regardent curieusement. Je vais en ville pour assouvir ma curiosité habituelle, et aussi parce que le musée des Gurkhas y est situé. Je suis féru d’histoire militaire et curieux envers cette unité d’élite attachée à l’armée britannique, alors je trouve la petite maison transformée en musée et j’explore leur collection d’artéfacts et je lis les panneaux qui expliquent comment c’est arrivé que les Brits ont commencé à recruter des Népalais.

En sortant, un monsieur âgé avec des médailles pinnées à son veston m’accoste et me demande comment j’ai aimé ma visite. Il me dit qu’il est ancien Gurkha et a combattu durant la Guerre des Falklands, je me demande combien d’Argentins il a décapité avec son gros couteau courbé. Je lui serre la main, il est minuscule et maigre mais sa main est épaisse et a la consistance du bois franc.

J’avais pris un moto-taxi à l’aller, je décide de retourner à Lakeside à pied, arrêtant à une école pour accepter l’invitation des enfants qui veulent que je joue au basketball avec eux. Ça semble faire leur journée, et des sourires fusent de tous bords tous côtés. Je rejoins mon pote Alex le Longueuillois, qui était resté dans la chambre d’hôtel durant ma petite excursion vu qu’il avait la diar’, et je suis content d’apprendre qu’il va mieux. Bizarre, on vient de survivre le Bangladesh sans trop chier mou, mais les deux on pognera des méchantes indigestions au Népal (moi quelques jours plus tard)

De Pokhara, il y a moyen de partir et faire un trek de plusieurs semaines dans l’Himalaya, mais limités en temps comme on est, on fait juste un aller-retour de deux jours, qui nous emmène quand même assez loin. Le soir on dort dans un chalet avec un groupe de jeunes Coréens chrétiens, ils nous invitent à se joindre à leur partie de soccer et ensuite leur feu de camp. Ces gens aiment beaucoup, mais beaucoup, Jésus.

Sinon rien d’autre à dire que le paysage est époustouflant, les villages sont pittoresques, l’exercice fait du bien et le guide est bien gentil.

C’est un séjour bien rempli donc, mais j’ai même pas encore parlé du highlight de ma visite à Pokhara. Vu que c’est en bordure d’un gros lac, il y a moyen d’aller y naviguer, que ce soit en chaloupe tout seul, ou avec un Népalais qui rame pour toé. Mon pote Alex et moi on choisit la première option, ce qui nous coûte juste quelques piasses. Sur le quai, une Hollandaise se cherche un lift pour aller à un temple sur l’autre rive du lac, on lui dit d’embarquer. Elle propose de nous payer sa part, mais on lui dit de laisser faire, et elle dit alors qu’elle nous achètera une bière si on se croise plus tard.

Après qu’on l’ait déposée, on sort les cannes à pêche et on essaie, sans succès, de pogner du poisson. C’est pas un problème, au pire on peut juste relaxer et boire une grosse bière au milieu du lac. La vue sur les imposantes montagnes est panoramique et encore plus folle que sur la terre ferme. C’est un stéréotypique feel good moment comme on a parfois en voyage.

Et c’est pas fini: on vot que la rive sud du lac est un gros marécage, on s’y approche avec notre chaloupe voir si on peut naviguer dans les canaux entre les îlots. Une fois rendus à la périphérie, un petit troupeau de trois buffles s’en vient vers nous, et traverse un plan innondé. Ils nous regardent avec leurs faces de boeufs (hihihi) mais ont pas trop l’air d’être hostiles envers notre présence, et même si ils voulaient nous charger je pense pas ils pourraient, à la vitesse ils se déplacent avec l’eau jusqu’au thorax comme ça.

Malade!

On décide de sortir du bateau et de les suivre, hypnotisés par leur immense puissance et leurs longs mouvements calculés. Le buffle à la tête de la file se retourne lentement vers moi mais continue son chemin, suivi par les autres. Il y a un jeune, la moitié de la hauteur des autres, qui a l’air un peu plus nerveux, une combinaison de ma présence intrusive, de l’eau qui lui arrive juste en bas du menton, et de la surface inégale sous l’eau qui le fait glisser et splasher. Je reste un peu loin de lui pour pas qu’il panique.

Et c’est ça qui est ça. Je pensais pas qu’une gang de vaches qui traversent un plan d’eau feraient un si gros impact sur moi mais j’ai trouvé ça absolument cool à regarder d’aussi près.

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