Compte-rendu: Zuriaake et The Dark Prison Massacre, Shenzhen

Y faut faire gaffe quand on voit un show annoncé au Bo Livehouse de Shenzhen, parce qu’il y a deux salles avec le même nom, une dans le district de Futian et une à Qianhai. Je me suis déjà fait avoir et donc j’ai vérifié deux fois que c’est bel et bien à celle de Qianhai qu’il faut que je me rende, un peu surpris que ce soit cette grosse salle qui reçoive un tel concert de metal extrême. Étant juste à 6 kilomètres de mon logis, un miracle dans une ville aussi gigantesque, je peux y aller en scooter au lieu d’avoir à prendre le métro.

Il y a six groupes au menu: trois oeuvrant dans le black atmo, et trois dans le death brutal. Rien dans le milieu. Un bien étrange mélange mais j’ai rien véritablement contre, étant friand des deux sous-genres. Il y a pas mal de niaisage à l’entrée, pogné comme je suis dans une file de centaines de jeunes pouels chinois, et quand je rentre, RENGUI a déjà commencé. Le quatuor de Guangzhou joue un black metal très chinois avec des accents mélodiques et post-black, un pas pire set qui s’avère un peu long, ils jouent un gros 40 minutes, sans compter le bout que j’ai manqué au début. À la fin ils allument les lumières et sortent de leurs personnages pour remercier la foule et encourager les gens à les suivre sur les médias sociaux, je sais pas comment me sentir devant ça, je suis habitué aux groupes black qui respectent le kayfabe jusqu’à la toute fin et au delà, mais je sais aussi que at the end of the day, c’est juste de la musique excentrique joué par des gens somme toute assez normaux, qui enlèvent leur corpsepaint, s’attachent les cheveux longs en queue de cheval et vont travailler dans un bureau le lendemain.

Puis c’est FROZEN MOON, que je connaissais de nom depuis un bout, dans un style semblable où le folk est encore plus mis de l’avant avec une femme qui joue l’espèce de trompette criarde chinoise si commune dans les bands black de ce pays, de Vengeful Spectre à Black Kirin, qui peut évoquer le triomphe guerrier comme la tristesse totale, dépendemment du beat en arrière. Ils savent miser sur les mid-tempos qui font headbanger, toujours de quoi de gagnant dans le black atmo, mais comme Rengui avant eux le set finit par être long en simonaque, et un peu cringe par bout, avec un interminable problème technique au milieu.

Bo Live Qianhai est une bonne salle pour ce qui est de l’espace et de la sonorité, mais elle est un peu dans le milieu du nowhere, dans une zone en construction avec des routes poussiéreuses et pratiquement aucun commerce aux environs immédiats. Je délibère si je vais me chercher quelque chose à manger puis je décide d’attendre, et quand je retourne en dedans, je suis surpris de voir la bannière de THE DARK PRISON MASSACRE sur l’écran géant, moi qui pensais qu’ils sont les headliners. Ils sont très attendus, à voir le nombre de gilets avec leur logo, et dès qu’ils commencent à jouer leur gros crisse de brutal, la foule vire folle braque. WOW esti de calisse que c’est bon!!! J’avais hâte de les voir depuis un maudit bout (surtout après la fois où j’étais supposé aller à leur show à Ningbo avant que les covidioteries sales ne l’annullent, je prie encore pour que les responsables paient pour leurs crimes) et je suis hautement satisfait, du vrai bon brutal/slam dans les règles de l’art, avec en plus des influences indéniablement nü-metal que je ne peux que trouver charmantes en tabarnak, ayant tombé dans le metal au début des années 2000. Leur aspect visuel est également très cool, le bassiste et le guitariste ayant mis des néons dans leurs manches. Ils jouent plusieurs tracks du monumental album Deformity of Human Consciousness, et quand ils commencent le riff de la bien étrange No School Violence (toutes leurs tounes parlent de sujets gore horrifiques, à part celle-là, qui dénonce le bullying dans les écoles secondaires) un pit gros comme un terrain de badminton ouvre. Un des groupes les plus hot de la scène chinoise en ce moment, je suis convaincu que si ils étaient en support pour un gros groupe de death pour une tournée nord-américaine ils feraient mouche.

J’embarque sur mon scooter pour aller chercher des nouilles dans un snack-bar style Chongqing et je broute ça assis sur une chaise de camping, gracieuseté d’une gang de jeunes entrepreneurs qui ont déployé une table sur le trottoir et vendent des bières de micro à 25 yuan. Après ça c’est ZURIAAKE, un des gros noms du metal chinois depuis un bout et un autre que je m’attendais à voir se partager la tête d’affiche avec TDPM. Je suis bien fan, c’est la deuxième fois que je les vois en concert. J’ai acheté leurs vieux albums et un t-shirt dans l’temps, et je me fais aller la tignasse doucement à regarder ces mystérieux bonhommes anonymes vêtus de longues robes noires et chapeaux de paysans pointus jouer leur black lent et hypnotisant. La facture visuelle est quand même impressionnante, avec des tableaux d’art minimaliste représentant des scènes de campagne chinoise qui défilent sur l’écran ainsi que les paroles, que j’essaie de déchiffrer tant bien que mal, étant en chinois classique. Après un bout à lire ces poèmes, je me rends compte qu’au fond pas mal de leurs tounes sont exactement sur le même pattern à quatre syllabes, et ça en vient répétitif.

La salle se vide de plus de la moitié pour FATUOUS RUMP, nous arrivant de Taiwan, un groupe qui a eu un peu d’attention dans le monde niché du slam, avec un des meilleurs vidéoclips ever (comment est-ce que c’est légal sur YouTube?!). Le chanteur de Dark Priz les présente et nous exhorte à leur montrer comment on mosh ici en Chine, oufff, faut faire attention avec de tels propos mon gros. Le groupe ultra-brutal est mené par Larry Wang, que je connaissais déjà vaguement de nom comme étant un musicien assez prolifique à la tête d’une trallée de formations slam/brutal, et après le show, quand chus allé vérifier sur Metal-Archives, j’ai vu qu’il est également derrière Gorepot, le projet parodique le plus cornet au monde, dont je suis un énorme fan. Ah bin ciboulot, à avoir su, j’aurais été lui serrer la pince. L’hurluberlu est en bédaine, tatoué de la tête aux pieds, avec une barbe et un gros afro mou qui lui donne plus l’air d’un stoner latino que d’un Asiate, et il est complètement déjanté, décrissant ses musiciens à maintes reprises avec des moves de lutte. Je niaise pas pantoute, l’esti va prendre un élan et plaquer son bassiste comme Roman Reigns le ferait, sans se retenir et sans raison aucune, ou alors il va faire le tour de la batterie en courant et dropkicker son guitariste par en arrière. Grands dieux, pourquoi?! J’ai rarement vu de quoi d’aussi loufoque, tu penserais qu’après avoir vu des centaines et des centaines de shows ça en prendrait gros pour me surprendre, mais ce Larry m’a arraché des gros rires tonitruants. Vers la fin, il a essayé de faire un “Stone Cold stunner” au guitariste, est tombé sur le moniteur d’une façon qui avait l’air assez douloureuse, et ça a débranché l’instrument, que des techniciens ont dû venir réparer.

EMASCULATED VITUPERATION clot la soirée, un autre des projets de Larry Wang, qui fait un double shift back-to-back, deux sets de 45 minutes où il émet des bruits gutturaux inhumains tout le long, faut lui donner ça. Il reste juste quelques dizaines de trippeux rendu là, alors qu’il y avait salle comble deux heures avant. Drôle d’idée de mettre les deux plus gros groupes au milieu, et aussi je dois dire que les sets sont beaucoup trop longs, pour ce qui est des groupes de black atmo ça en venait ennuyant, et quant aux groupes de brutal death, bin autant que j’adore le brutal death j’en viens saturé, un moment donné. Je me serais pas plaint avec des sets de 25 ou 30 minutes, pour un tel mini-fest extrême.

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