Obscene Extreme 2010 – Compte-rendu

Bon, avant de commencer, je me dois d’enlever ce poids de sur mon esprit et d’en finir:

”OBSCEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEENE!!!!!!!!!”

(préférablement crié jusqu’à l’érosion des cordes vocales, en bédaine, couvert de sueur, une bière de deux litres en plastique à la main)

Pour les incultes, le Obscene Extreme est un des plus gros festivals de musique au monde consacrés 100% à la musique extrême. On parle pas de métal en général, ici, mais uniquement de ses formes les plus poussées, en plus d’une solide dose de grindcore et crust punk. Un délice, bref. C’est en fait la principale raison de ma venue en Europe cet été, le reste étant juste un peu de persil émietté sur la superbe salade bien garnie et savoureuse que sera la 10e édition du Obscene Extreeeeeme!!!

Le festival a lieu à Trutnov, en République Tchèque près de la frontière polonaise. Pour m’y rendre, je dois transférer de train, mais bien endormi que je suis, je manque mon arrêt et je me ramasse dans un trou perdu nommé Kolin-avec-un-accent-aigu-sur-le-i. Je finis quand même, quelques heures et obstacles interlinguistiques plus tard à me rendre en ville, obtenir mon billet, fumer mes premières puffs de weed Tchèque décriminalisé avant de rencontrer mon vieux chum Mirt à la gate, arrivant directement de sa Slovénie natale. Certains de ses amis y sont déjà aussi, et je vais donc passer une bonne partie de ce long week-end avec une gang de Slovènes complètement sautés, et ça s’annonce bien, en ce jeudi après-midi, le soleil à son zénith et certains d’entre eux déjà trop saouls pour tenir debout. Les Slovènes semblent tous avoir des surnoms faciles à retenir, genre Fifi, PussyLover, TheSheep, Antisemite ou alors Hopsy, et un sens de l’humour qui me va parfaitement, quoiqu’il puisse être un peu homoérotique par bouts.

P1080376.JPGOutre le camping, le site comprend un tas de chapiteaux vendant des CDs et t-shirts et aussi plusieurs restos vegan. J’étais au courant de cette subtilité, et je croyais à tort que bouffe vegan = assiette de râclage de dessous de tondeuse, mais ils ont de la variété en masse, des prix pas chers du tout et je dois reconnaître que manger une bonne salade de macaroni avec plein de fèves noires et légumes dedans ça remet d’une brosse bien plus vite que des hot dogs ou de la pizza dégueulasse comme on trouve dans les autres festivals. Il y a également plusieurs stands à bière, et la scène évidemment, avec des estrades de bois en demi-cercle en avant, et quand même suffisamment d’espace pour un bon mosh pit. Je regarde et écoute du coin de l’oeil les bands de cette première soirée, occupé que je suis à socialiser et détruire mes cellules hépatiques avec de l’absinthe ou des verres de Gambrinus bien froide. De toute façon, c’est quand que ton foie a fait quelque chose pour toi, hin?

J’ai pas le temps de répondre à cette puérile question, car là, il est 20:05 et INGROWING sont sur le point de jouer. Ingrowing est un de mes groupes préférés absolus, et ce soir ils vont nous varger dans face à qui mieux mieux avec leur grindcore varié tout en étant corrosif comme une grosse cruche d’acide chlorhydrique 12 M. Les quatre fuckés jouent un set sublime de pur grindcore tchèque qui me lance dans les pires convulsions orgasmiques, avant que l’éjaculation totale ne survienne lorsque le bassiste-chanteur n’entonne le ”It’s 5:40 AM, now it’s definitely sure the sunrise will come… no… more” qui marque le début de leur meilleure toune, la bien nommée Sunrape. Je ne peux y résister, et abandonnant Mirt et son coma éthylique, je cours à toutes jambes goûter à mon premier mosh de ce festival.

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Jésus, ce t-shirt….

Ce soir-là, il y a également GENERAL SURGERY, CATTLE DECAPITATION et MARTYRDÖD, jouant d’excellents sets dans des registres très différents les uns des autres, tout en restant dans le beau monde de l’extrême. Sur le programme, le dernier évènement de la soirée est le Hell Show, qui s’avère être une démonstration de piercings et de bodyfications extrêmes, du style de gens suspendus au plafond par des crochets plantés dans leur dos ou d’une fille maigrichonne qui se fait transperser les seins par des pics de métal et se fait coudre la bouche par un bonhomme déguisé en Empereur Néron. C’est vraiment vraiment vraiment pas ma tasse de thé, et je pars après seulement quelques minutes de cette démonstration sado-maso tordue à souhait. À chacun son trip, hin.

Le premier band de vendredi commence à 11 heures tapantes, mais je ne me dirige pas vers la scène pour un bout encore, tout comme la majorité des festivaliers errant au milieu de leurs déchets corporels et alimentaires dans le camping. Le premier groupe digne de mention est FUNERUS, dans un registre death old-school à la suédoise parfaitement dans mes cordes. La grosse Jill McEntee joue la basse et chante avec sa voix puissante, et son mari, le maître à penser d’Incantation, joue les riffs mid-tempos pesants à la guitare.

funerus.jpg

Après ça, au cours d’une exploration des lieux, je tombe sur la chillzone, deux grosses tentes reliées ensemble où il est possible de fumer du shisha et boire du thé, dans une ambiance relaxe qui est la bienvenue au milieu de ce festival de bruit et de terre qui tremble.

J’ai perdu mes amis, mais je m’en fais d’autres vite fait, et le temps passant plutôt vite dans ces vapeurs fruitées je me retrouve à manquer ROMPEPROP et DERANGED, quoi que j’arrive à temps pour MASTER, que Mirt m’a dit de pas manquer. Master est supposément un des tout premiers bands de death metal, de l’époque de Death et tout ça, mais qui a jamais sorti d’album avant quelques années, les rendant donc underground pour toujours. Le frontman a une badass barbe de deux pieds de long, et avec sa gang de vieillards, nous garroche une bonne pelletée de death metal comme ça se faisait dans les années 80. Je m’en régale, et bien que je soie nu-pieds, je passe le plus clair de mon temps dans le pit, à danser sur ces beaux airs. Un moment donné, je bump sur un individu louche portant un t-shirt d’Insurrection, les fiers guerriers de la scène métal gatinoise. Je suis quelque peu héberlué, et après l’avoir abordé, il s’avère pas juste être un véritable Québécois, mais un Gatinois, ce qui fait qu’on a plein de chums en commun.

Les grindeux sulfuriques et controversés de CRIPPLE BASTARDS sont les suivants. Avant même qu’ils ne commencent à jouer, Mirt et ses chums leurs crient des choses ordurières, puisque bien que le band soit Italien, le chanteur est d’origine Serbe et a supposément souvent eu des discours fascistes ou alors haineuses envers les autres nations yougoslaves. Ah bin. Je suis pas ici pour faire de la politique, par contre, juste pour me faire rincer les oreilles bin comme faut, et il s’adonne que les Bâtards jouent le meilleur set de tout le festival. Ça garnotte, ça blast, ça détruit, c’est du tout bon, et peu en sortent en vie. Les punks de DOOM, les sanguignolents HAEMORRHAGE et autre coup de coeur, les thrasheux de MALIGNANT TUMOUR terminent la soirée en ce qui me concerne.

P1080390Un autre beau matin à me faire réveiller par le soleil transformant la tente de Mirt en sauna, après seulement quelques heures de sommeil, et on se met en route vers l’épicerie afin de se faire des provisions. Le spectacle à l’intérieur du supermarché est plutôt comique, avec toute cette horde d’individus louches et crasseux, pleins de piercings faciaux, au milieu de ces beaux Monsieur-Madame Tout-le-Monde et leurs familles, bien vêtus, inodores, en train de faire leur épicerie en ce beau samedi matin ensoleillé, comme les gens normaux font. Tout un contraste. On achète des bières de 2 litres dans des bouteilles de plastique, et aussi quelques saucissons pour compenser la diète vegan qui nous est forcée dans l’enceinte du festival.

Encore une fois, je passe la journée à me promener, socialisant avec tous ces gens, regardant quelques concerts çà et là, tout en faisant des efforts pour garder mon B.A.C. toujours autour du confortable 0.10 mg/mL. AVULSED joue en soirée, et dans cet océan de grindcore et de punk, un bon groupe de death métal est toujours le bienvenu, alors je m’assure de ne pas en manquer une seconde. Ces Espagnols velus (d’ailleurs, le guitariste porte fièrement le maillot rouge de leur équipe championne) jouent un superbe set, menée par la voix ultra-grave de leur charismatique chanteur. Malgré la pluie intermittente, il y a foule pour le groupe crust-punk VICTIMS, et la sublime violence de MISERY INDEX drette ensuite. Ils ne sont que trois sur le stage, mais jouent quand même un set à la hauteur de leur réputation. D.R.I. arrivent ensuite, coupant fin à toutes les spéculations au sujet de leur annulation de dernière minute possible. Le guitariste étant gravement malade, il n’a pas pu se présenter au show, ce qui laissait planer un gros doute, mais finalement ils ont déniché un jeune gaillard Tchèque qui joue dans un groupe de covers de D.R.I. et a donc pu leur donner un coup de main. J’ai de la misère à imaginer à quel point il a dû se sentir honoré de partager la scène avec ses idoles! Je suis déçu du show honnêtement, bien que D.R.I. soient des légendes du monde du crossover/thrash, leur musique ne me rejoint juste pas et me semble honnêtement pas à sa place dans un festival aussi extrême que le OE. J’apprécie beaucoup plus INCANTATION, jouant immédiatement après leur doom-death sombre et superbement orchestré qui met un point d’orgue à cette journée de beuverie et de bruit. Il reste quelques autres bands, mais la pluie en crescendo et la fatigue me convainquent d’aller me reposer.

P1080403Je suis très satisfait de ma participation du Obscene Extreme. L’organisation est impeccable (à l’exception du manque total d’indications pour se rendre de la ville au site), l’ambiance excellente, et la programmation de haute volée. Il n’y a pas un seul groupe que j’aie pas aimé, et même si le grindcore domine l’affiche (et c’est pas moi qui va s’en plaindre!) il y en a pour tous les goûts. Tant que les goûts restent dans l’extrême, évidemment, sinon t’as rien à crisser là. La seule chose que j’aurais voulu de plus est un peu plus d’obscénité, car là tout ce qu’on avait à se mettre sous la dent, outre la vulgarité qui sortait de nos propres yeules, alcool aidant, c’était les espèces de montages de films d’horreur et de cartoons sur l’écran géant, entrecoupés de pornographie fétichiste explicite avec des madames âgées et obèses qui nous ont bien fait marrer. Je m’attendais à un peu plus d’extrême obscénité, même si j’ai vu pas mal d’obscènes extrémités sur les dudes se promenant nus sur le site du festival.

Une fois que tout est terminé, après une escale à Prague pour réparer le char, c’est le temps de se taper les sept heures d’autoroute en direction de Ljubljana, jolie petite capitale slovène. J’y profite de l’hospitalité des parents de Mirt, et outre une randonnée en montagne et quelques brosses dans une ancienne prison yougoslave devenue un gros squat, mon séjour en Slovénie se résume à juste reprendre mon souffle avant d’amorcer le second leg de mon voyage européen. That’s it.

 

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