JOUR 1 – MONONC’ ET ASSUMÉ
Pour commencer les festivités de ce genre de pré-fest dédié au metal old-school, MÖRGHUUL prennent la scène à 16 heures tapantes, des jeunots qui jouent un thrash plein d’écho comme si on était en 1984. Le chanteur porte un coat de cuir en bédaine en dessous, c’est tout ce que vous avez besoin de savoir pour figurer quel son ils ont, if you know you know. Puis c’est LAID TO WASTE, continuant dans une veine un peu plus thrash à patches que thrash à clous, avec voix aiguë et excellents riffs. Les Polonais de HELLFUCK montent l’intensité d’un brin, avec quelques blast beats et une voix rappelant Tom Angelripper émanant de leur chanteur vieillissant avec un superbe skullet. Il commence à pleuvoir et malheureusement ils jouent devant une foule assez clairsemée.

J’écoute le LP Monolith of Wrath régulièrement depuis sa sortie il y a quelques mois, donc je suis bien fébrile à l’idée de voir LUCIFUGE et les Allemands ne déçoivent pas avec leur beau black-thrash! Continuant la thématique des vestes en jean sans manches, voici HELIONIGHT, un power trio nous venant du Bahrain of all fucking places. Leur leader Omar a déjà mis les pieds sur les planches du Obscene en 2012 avec le groupe de grindcore saoudien Creative Waste, c’est cool de revoir sa sympathique bouille d’Arabe chauve revenir et s’emballer sur du beau thrash à saveur Bay Area.

Durant le dix minutes entre les deux bands, je vais me chercher une autre ‘tite bière, et je vois qu’en plus de la pilsner Kozel habituelle on peut opter pour une exclusive, la Symphonies of Smoothness, en hommage au headliner du lendemain, les mighty Carcass bien sûr. C’est une bitter ale anglaise brune pâle et elle est savoureuse. Puis c’est le tour de VULTURE, oeuvrant dans un créneau plus speed, voire heavy, que thrash. C’est très cool de voir la foule de croûteux, de grindeux et de deathmétalleux montrer autant d’amour pour un style si fromageux mais si jouissif, et le pit tourne vite vite vite quand ils entament un cover de Lesson in Violence de Exodus.

DEATH STRIKE est une formation légendaire avec un claim assez légitime pour le titre du premier groupe de death metal ever, avant d’évoluer et de devenir Master. En fait chus pas certain de comprendre là où Master commence et là où Death Strike arrête, quelques tounes ont été sur le démo Fucking Death en 1985 avant d’entrer dans le registre de Master, dont la très percussive Pay to Die. Leur chanteur/bassiste ressemble à Merlin l’Enchanteur avec sa grosse barbe blanche et avec ses deux comparses ils nous livrent un excellent death-thrash qui fait taper du pied. La foule commence à être bien lubrifiée et bien crinquée, et quelques zigotos utilisent une porte arrachée de toilette chimique pour faire du bodysurfing avant de se la faire confisquer par un patibulaire garde de sécurité au t-shirt orange.
HELLRIPPER est un des groupes les plus attendus de tout le festival, et putain qu’ils livrent la marchandise! Un projet solo sur album mais un four-piece sur les planches, les jeunes Britanniques causent un tsunami de riffs, de plus de riffs et d’encore plus de riffs qui font virer la foule cul-par-dessus-tête. Durant une des rares accalmies, un Européen quelconque crie “Play more fast!” et James McBain semble confus pour quelques secondes avant de répondre “Challenge accepted!” Meilleur set à date, et ça prendra quelque chose de spécial pour les détrôner.

HOLY MOSES est un groupe allemand des années 80 qui sort encore des solides albums, mais ils s’apprêtent à tirer la plogue. L’annonceur nous exhorte à donner un accueil triomphant à ces légendes, mais le soundman a pas entendu j’imagine, parce que quand Sabina Classen ramasse le micro… rien. Nada. 没声音. Elle est muette pendant un gros 3 minutes avant que finalement sa si classique et si puissante voix se fasse entendre par-dessus les gros riffs de thrash de la bonne époque. J’aime Holy Moses, j’ai un immense respect pour Sabina et son rôle de pionnière de vocalistes du sexe opposé aux vocaux harsh, et j’aimerais être au moins 10% aussi sexy qu’elle quand je me rendrai à 59 ans, mais je dois dire que tout comme la dernière fois que j’ai assisté à un de leurs concerts (en 2008), c’est pas super tight et Sabina est un peu awkward en tant que frontwoman. Elle part des “Hey! Hey! Hey!” pas sur le beat, elle fait des moves de rockstar un peu out-of-place, et ses discours entre les tounes sont bizarres et maladroits (et je sais que l’anglais est pas sa langue maternelle sti; ça empêche pas des douzaines d’autres frontmen allophones de faire la job, hell, des fois ils virent ça à leur avantage).
Reste que son entousiasme est véritable et contagieux, et le show est somme toute excellent, focusé sur les vieux albums genre The New Machine of Liechtenstein et World Chaos, arrivant à garder l’intensité mise en place par Hellripper. Sabina reçoit un gâteau de fête de la part des organisateurs, mais ça retarde le reste du set au point où elle demande quelle toune on veut pour conclure vu qu’ils ont juste le temps pour une, Finished with the Dogs ou Current of Death, et à ma déception, c’est la première qui gagne. Ah bin. Finished with the Dogs est bien nice mais j’aurais bien pris l’ultraviolence de Current of Death (ou Current of Dess, tsé c’est une Allemande).
L’honneur de clore cette soirée sous le parapluie du old-school revient à EXCITER, groupe culte ayant commencé à la fin des années 70!!! Pendant quelques secondes je me demande où est leur vocaliste, avant de voir que c’est le batteur moustachu Dan Beehler qui gueule tout en tapochant ses tambours. “Are you ready for some old-school Canadian metaaaaaal?!”, demande-t-il avant d’entonner le vieux crisse de classique Heavy Metal Maniacs. Une excellente célébration du speed metal d’avant que je sois né, si c’est mononc’ j’aime ça, et Exciter on fait pas beaucoup plus mononc’ que ça.
Ensuite, comme de coutume avec le premier jour du Obscene Extreme, la soirée se termine avec des freak shows et des démonstrations de sados-masos tordus qui se rentrent des aiguilles dans les parties du corps où on aurait beau me payer 100 000 piasses, aucune aiguille approcherait de là. Ça m’intéresse très peu, je vais me coucher au lieu.
JOUR 2 – LET’S GET GRINDIN’
Le soleil émerge de la lisière des arbres à 9 heures, transformant ma tente en fourneau. Je vide une bouteille d’eau et je claudique jusqu’au site, arrivant quelques minutes avant que PRESCRIPTIONDEATH commence leur set de grindcore infusé de noise et d’humour sec. Puis c’est REFORE, groupe tchèque de thrash un peu plus crossover que ceux de la veille. Un circle pit se forme, mais la majorité des gens sont encore en train de cuver leur lendemain de brosse et arrivent lentement.
Je vais me chercher un veggie burger et un cocktail sex on the beach et j’assiste au set de EVASOR, groupe de punk chilien. La basse fait ding-a-ling, le snare drum fait clang-clang-clang, et ma tête se fait aller. Je croise Fred, un Belge avec qui j’ai sympathisé à mon premier Obscene en 2010, et il me dit que l’autre Belge avec qui il est venu a passé la nuit à l’hôpital avec une clavicule fracturée après qu’un moron ait sauté les pieds joints de la scène. Je remarque déjà pas mal de gens dans le plâtre ou avec des points de suture, ça a brassé pas mal la veille et les surfaces glissantes dûes à la pluie ont certainement pas aidé. Prenez soin de vous quand vous allez près des mosh pits, mes amis!
Les Tchèques de PURE jouent du grindcore bien sympatoche, et on entend le premier pig squeal de tout le festival, certainement pas le dernier! Je suis juste à côté du pit et je me fais renverser la moitié d’une bière dessus quand une collision survient à ma gauche, et même pas 30 secondes plus tard, c’est une vague de rum n’ coke qui m’arrive de la droite. Putain, je peux pas catcher un break ou quoi?

DEPRAVED sont un des deux représentants de la France pour cette édition, et jouent un deathgrind plus que correct, mené par un grand quinquagénaire qui arrête pas de faire des grimaces. Et si vous pensiez que c’est idiot de se tenir en bordure du pit avec un verre de boisson plein, cette fois je vois un candidat du Mensa en train de se rouler un joint quand il se fait rentrer dedans par un thrasheur et échappe tout son matos. Bravo!
ENTRAPPED (Tchèquie) et OBLITERATION (Norvège) jouent du death metal de la vieille école, les premiers avec un côté crust bien moisi et les seconds dans une veine plus doomy avec des méchants grooves qui rappellent le premier album d’Unleashed. Ensuite SHITBRAINS arrivent, un duo de Latinos de Los Angeles, une fille à la guitare et un gars au drum, les deux se partageant la job de gueuler comme des sacraments de détraqués par-dessus leur powerviolence d’une intensité inouïe. Comment est-ce que juste deux personnes peuvent faire plus de bruit que tous les autres groupes aux line-ups conventionnels?! Ils semblent complètement émus de l’accueil monstre qu’ils reçoivent et oui, je le spoilerai d’avance, ils ont donné le meilleur show de tous les 80 groupes à l’affiche.

Le power trio BONEYARD joue un genre de gory groovy death metal à la Carcass, comme à peu près 50% des groupes espagnols que je connais, et j’apprends sans surprise que c’est un side project du gars de Gruesome Stuff Relish. CONTROLLED EXISTENCE nous pètent la cenne avec un grindviolence strident rappelant Gridlink. Puis c’est le tour de ROTTENNESS, des Mexicains à masques de luchadores qui partent les plus gros pits à date avec leur gros deathgrind sale et une ambiance de party. Ces cabrones finissent même avec une chanson d’Anthrax interprétée à leur sauce.

Les blondinets norvégiens d’Obliteration reviennent sur scène sous la bannière de NEKROMANTHEON, leur projet plus thrash. C’est un peu générique et fait peu d’impression sur moi, peut-être que je suis juste un peu fatigué et en attente de mon second souffle. Et c’est pas CAPITAL SCUM qui me sortira de ma torpeur, les Belges jouant un punk hardcore qui pourrait bien être la même pièce jouée 15 fois de suite. C’est quand même bien, et le groupe roule depuis les années 80 (en tout cas les deux papis qui restent) alors il faut leur donner leur respect.
Un message sur l’écran nous annonce que THE CROWN ne pourront pas être de la partie, leur vol de la Suède ayant été annulé dû à des problèmes techniques. Bummer. J’aurais évidemment bien aimé thrasher ma vie au son de leurs hits de Possessed 13 et Deathrace King. GADGET commencent donc un peu plus tôt, des grinders suédois que j’ai vus live pour la dernière fois au Maryland Deathfest 2008. Ils ont changé de line-up un peu, ils ont maintenant une fille qui chante. Bon set pour ceux qui aiment le grind à la Nasum, et si c’est pas le cas, qu’est-ce que tu fous au Obscene?!

Je m’attendais à rien de la part de TOTAL CHAOS et je suis agréablement surpris! Les Californiens pondent des pièces de punk rock intenses, entraînantes et parsemées de solos. Puis on change de registre complètement avec VADER, que j’avais pas vus live depuis genre 2007. Piotr est gris mais en pleine forme, menant de main de maître ses mercenaires polonais et harranguant la foule (surtout en polonais, j’imagine qu’il dit des blagues désobligeantes sur les Tchèques). Il a un swag indéniable avec autant de chaînes dans le cou qu’un rappeur moyen, et sa voix “constipée” si reconnaissable s’entremêle avec le death metal percussif qui est leur marque de commerce. Doux Jésus que c’est bon!!! Le son semble deux fois plus fort que pour les autres groupes avant eux, et la pédale est au plancher à part pour la pièce God is Dead et son alternance de passages lents et de blasts. To the Grave met à l’avant leurs racines thrash, tout comme le cover de Hell Awaits qu’ils font en rappel après avoir fait leurs rockstars et quitté la scène alors que le planning à la minute près disait clairement qu’ils devaient être là jusqu’à 21:00. Le plus marrant est que la foule n’a pas embarqué du tout avec leurs balivernes et personne a scandé leur nom ou chanté “We want more!”, on a juste attendu en relatif silence qu’ils reviennent finir leur job. Ce genre de conneries marche peut-être au Wacken, mais la foule du Obscene Extreme n’est pas down avec ça!
Dans la même veine de groupes de death metal européens qui commencent par V, qui roulent depuis longtemps, qui sont encore pertinents et qui ont pas tout à fait acquis le statut de légendes mais sont considérés comme des respectables vétérans, voici VOMITORY. Après une longue pause, ces Vikings ont droppé le foutument bon album All heads are gonna roll il y a quelques mois et sont là pour le défendre sur les planches. Et… c’est de la putain de daube. Je me souviens de les avoir vus au OEF 2012 et j’avais trouvé ça aussi ennuyant que regarder de la peinture qui sèche, et là l’expérience se répète. Les pièces sont du death suédois de haute volée comme il ne s’en fait plus et sont interprétées avec haute compétence, mais calvaire qu’ils savent pas donner un show. Après chaque track, au lieu d’enchaîner à la suivante, ils se retournent sans un mot et vont se reposer autour de la batterie, ce qui brise le rhythme comme quand il faut que tu arrêtes mi-baise pour aller répondre au téléphone. Je comprends qu’ils se la jouent “Scandinave stoïque qui laisse sa musique parler par elle-même”, OK certes, mais il y a moyen de faire ça sans sembler se foutre de la gueule des fans. Le growl sec d’Erik Rundqvist est plus mince qu’un petit filet d’eau, et c’est même pas lui qui s’adresse à la foule, mais le colossal guitariste qui a autant de charisme qu’une boîte de carton. En tout cas, vous avez saisi, il y a une grosse liste de groupes que j’écouterai jamais en album mais dont j’aime les prestations live, et Vomitory est un des rares cas pour qui c’est l’inverse. J’ai quand même apprécié quelques moments, comment ne pas headbanger sur Chaos Fury, mais en gros je suis plus déçu qu’autre chose.

…ce qui fait que j’apprécie le set du clou de la soirée, les über-légendaires CARCASS, d’autant plus! Le son est superbe, la facture visuelle minimaliste mais évocatrice est là, et les stage-divers sont en feu. Je suis pas le plus gros fan de Carcass, oui tsé je connais Carcass vaguement et j’ai écouté la discographie, mais attendez-vous pas à un setlist entier de ma part. Je sais juste qu’ils ont sensiblement mis l’emphase sur leur vieux matériel (Genital Grinder, Keep On Rotting, Corporal Jigsore Quandary, etc.) mais fini ça avec un Heartwork de derrière les fagots. J’ai vaguement entendu des rapports au cours des dernières années comme quoi Carcass commencent à le perdre mais ils étaient au sommet de leur forme en ce beau jeudi soir à Trutnov, comme on peut voir avec tous les visages en sueur souriants à la fin de leur prestation.
BRUJERIA les suit, et c’est un des groupes que je saisis simplement pas. Pourquoi c’est si culte?! Leur deathgrind est plus que potable mais loin d’être à la hauteur de leur gimmick. Ils ont un vocaliste superflu qui semble juste harranguer la foule en espagnol entre les pièces, et après quelques minutes ils en emmènent un autre, un vieillard rabougri qui est toujours une demi-mesure de retard quand vient le temps de gueuler les refrains. Je vais bouffer et me chercher d’autre bière, quand je reviens ils jouent encore leur set interminable.

Je regarde quelques tracks de SICK SINUS SYNDROME, groupe local sur l’écurie d’Obscene Extreme et dont les talents sont donc vantés par des bannières et flyers sur le site. C’est un clone de Carcass, pas qu’il y ait intrinsèquement rien de mal à ça, mais on vient tout juste de voir le real thing et à quel point Jeff Walker et sa bande détruisent encore toute notion qu’ils vont ralentir et laisser le trône inoccupé. Je vais donc me pieuter, prêt pour le Jour 3 et son affiche qui me titille le plus.
JOUR 3 – GRIND OR BE GROUND
Je me réveille, endolori de partout, avec l’impression que je me suis fait frapper par un char. C’est pas supposé être réparateur, le sommeil?! Je prends une douche froide aux lavabos du site, remplissant des verres d’eau glacée pour me les vider sur la tête, ça me remet d’aplomb un peu.
BELLY ERROR a été vanté par un pote tchèque comme étant à ne pas manquer, et c’est vrai que c’est bien, avec des mid-tempos vaseux, des vocaux pitchshiftés, et un chanteur vêtu d’un tablier plein de sang brandissant une hache. MORDLOCH jouent un excellent OSDM, un genre de mix entre Obituary et Grave, mais ils ont mis bin trop d’écho dans leur son. AARGH FUCK KILL nous garrochent un punk dénué de niaisage, puis c’est le tour de TRAVOLTA, oeuvrant dans le powerviolence très short, fast & loud. Leurs vagues messages d’extrême-gauche et lieux communs me font bien marrer (Oh, tu es contre l’homophobie et contre le racisme?! OK, moi je suis contre lancer des chatons par des fenêtres de véhicules en marche, et contre pisser sur des jambes de personnes âgées en faisant la file à l’épicerie), peut-être que la diète végane du site les a affectés et qu’ils manquent de protéines.

INCULTER sont les suivants, un groupe de thrash de Norvège. Puis, bin, c’est du thrash. On en a pas mal assez entendu, passons à autre chose. BASTARD ROYALTY font du crust punk bien fâché, avec les obligatoires messages d’extrême-gauche. C’est limite grind, avec un vocal growlé bien bas. Les Argentins de CAHNALET sont dans une veine semblable et avec des éléments death par-dessus tout ça, mais dealent malheureusement avec quelques problèmes techniques.
J’ai déjà parlé du phénomène des mangeurs de colle qui s’approchent d’un mosh pit actif avec un breuvage et sont surpris de se le faire renverser partiellement ou totalement? Hé bien puisque le Obscene Extreme est un festival plutôt convivial, la majorité du temps la victime en rit et parfois un échange d’excuses verbales ou non-verbales s’ensuit, mais des fois ça fait du drama. Un punk d’un certain âge avec les cheveux en crête, une quincaillerie mobile sur sa face, des stretches d’oreille assez gros pour mettre une balle de golf au travers, des tatouages crus dans son cou et sur sa tête et un t-shirt délavé et nauséabond qui dit NO HOMOPHOBIA, NO HATE, NO RACISM, NO SEXISM, NO CAPITALISM (no original thought…) se pointe en plein milieu de l’espace vide entre deux tounes, et quand Cahnalet part un beau riff de pit, wham, sa bière se ramasse à terre. Il fait un geste de frustration et pointe son gobelet vide au gars qui lui a rentré dedans, comme si c’était sa faute. Heille sti. Imagine être punk croûteux au point que tu te rendes volontairement inemployable mais être quand même un esti de calisse de poseur comme ça.

Trève de chiâlage, revenons à nos moutons. La position du soleil commence à faire un peu d’ombre près de la scène, et un nombre croissant de péquenots s’approchent pour voir UNIDAD TRAUMA de Tijuana et leur goregrind mid-tempo d’inspiration médicale. Drette après ça c’est un des groupes j’ai le plus hâte de voir, HYPERDONTIA, qui fait des grosses vagues dans le sous-genre du death metal caverneux, que j’affectionne énormément et qui se fait un peu rare sur le terreau du Obscene Extreme! La formation mi-danoise mi-turque nous fait entrer en transe avec leurs riffs pesants et lugubres, je suis aux premières loges avec quelques nouveaux potes dont des gars de Depraved, on lève nos poings et on fait des babounes quand un sublime changement de tempo survient. Mon rêve est d’un jour aller au Killtown Deathfest à Copenhague, où ce genre de death caverneux fait la loi.

Je suis en haut de la côte à boire de la bière et jaser avec Fred le Belge pendant que INTO SICKNESS joue son grindcore que j’écoute distraitement. ANIMALS KILLING PEOPLE ont une vibe ultrabrutale mais pleine d’énergie, un peu dommage que le vocal soit bas dans le mix et que leur vocaliste s’égorge en vain. Leur chanteur a un gilet de DMX, real recognize real.
Obscene Extreme ne serait pas ce que c’est sans des groupes complètement loufoques, et cette année c’est SERRABULHO, du Portugal, qui se donne pour mission de nous faire danser comme des clowns en milieu d’après-midi. Ils démarrent une puissante machine à savon qui emplit le pit au complet d’une couche de bubulles, ils lancent des ballons de plage et autres jouets dans la foule, et alternent des passages de goregrind farfelu avec des samples comiques et des loops de musique ibérienne ou techno Eurotrash. Ils arrivent vraiment à point et font ça bien, et ça vire en foire totale, avec un énorme circlepit, des dizaines de stagedivers et quelques nanas qui montrent leurs seins. Leur chanteur part un train humain qui couvre toute la circonférence du site, puis finit ça avec un “wall of ass”, tsé genre un wall of death mais avec les fesses (nues) en premier? Vous saisissez.

J’ai vu GUTSLIT en 2010 à Bangkok, alors qu’ils venaient de débuter, et depuis ils ont joué au Obscene trois fois et commencent à se faire un nom, pas juste parce qu’ils sont indiens et exotiques. Ils ont fait du chemin depuis cette fatidique date en Thaïlande où tout allait mal pour eux, et nous livrent un énorme et mature death brutal empreint de riffs slam. Je vais leur piquer une jasette après, seul un membre de 2010 est encore là, leur bassiste que j’ai pas reconnu puisqu’il enroule maintenant ses cheveux longs dans un turban.
Le cinquième ou sixième groupe mexicain du festival en est un qui est légendaire, les motherfucking DISGORGE! Je me demande comment leur death guttural d’une brutalité inouïe se transférera au live, hé bien ils font une job exemplaire, malgré le chaos de ces belles ritournelles des albums classiques du sous-sous-genre que sont Forensick ou Gore Blessed to the Worms ils arrivent à rendre ça potable. Mention au chanteur/guitariste qui met son micro à la hauteur de son nombril et plie ses genoux et se penche de manière extrême pour growler. Ils concluent avec un Rancid Bowel Sarcoma qui part un pit monstre que je suis content de regarder des gradins.

L’enchaînement de groupes d’ici la fin de la soirée est simplement débile mental, commençant par un des groupes les plus hot du death metal, CYTO-fucking-TOXIN!!! Originaires de Chernobyl en kayfabe et allemands en réalité, ce quintuor joue un death brutal moderne et technique qui a des ingrédients que j’aime pas d’habitude, genre une production léchée, des breakdowns et du crossage de manche, mais ils le font tellement bien! Leurs tounes sont catchy et utilisent la technicalité comme atout plutôt que comme béquille, et comme la dernière fois j’ai eu la chance de les voir en show, l’aspect visuel est incroyable, avec masques à gaz, barils plein de déchets atomiques et un chanteur qui ressemble au méchant dans Rocky IV. Cytotoxin c’est déjà excellent en album, mais en show, wow.

Puis c’est le tour de INGROWING, aussi connus sous le nom de “Dieu”. J’adule ce groupe et son grindcore tchèque infusé de death metal et de punk, et je pars complètement fou braque quand ils frappent la première note. Ils ont pris un long break et sont rendus soit grisonnants ou très bedonnants, mais ils ont pas perdu plus d’un milligramme de ce qui a fait leur magie sur les albums Sunrape et Suicide Binary Reflections et autres. Quand ils partent Eradicated je réponds pus de mes actions, je saute sur le stage et je headbang comme Mike Le Poulet Sans Tête, et après une nouvelle track qui augure très bien, ils concluent avec la toune titre de l’album Sunrape qui passe proche de me tuer. Ingrowing, tabarnak de saint-simonaque de ciboire de gériboire de bâtard de marde! Ces pepiks l’ont l’affaire.

INTERNAL BLEEDING keeps the party goin’ fuckin’ New Yawk style, avec des mid-tempos qui font headbanger à qui mieux mieux et une énergie typique au NYDM imprégné de grooves et de hardcore et de swag urbain ethniquement ambigu. Ils ont des vieux de la vieille mais aussi un bassiste de 24 ans couvert de tattoos qui saute partout et headbang tellement fort que sa tête touche presque à terre, et son enthousiasme est partagé par la foule qui envahit le stage à maintes reprises. Simonaque de show, je m’attendais à rien vraiment, en fait comme un idiot je pensais que c’était Internal Suffering dont il s’agit, mais Internal Bleeding il va falloir je me plonge plus dans leur catalogue.
Même si ces Italiens jouent depuis avant ma naissance, je connais BULLDOZER juste depuis quelques mois, grâce à Simon de Metal Minded qui adhère au principe “plus c’est mononc’ mieux c’est”. J’ai bien aimé leur album The Day of Wrath mais je dois avouer que je suis un tantinet appréhensif. Est-ce que leur âge avancé va se faire sentir? Est-ce que leur speed metal un peu anachronistique va être à la hauteur des groupes extrêmes avec qui ils partagent la scène en ce beau vendredi de juillet? Surtout que l’heure est arrivée et ils sont toujours pas là… Finalement ils se pointent, menés par AC Wild et son look complètement unique, avec ses sideburns partant de nulle part sur son crâne dégarni, sa barbe pointue et sa cape de vampire. Après une minute, toutes mes inquiétudes partent en fumée et je veux m’autoflageller pour avoir douté ces kings. Le son est énorme, et les tounes sont ultra-entraînantes, dans une veine de hard rock qui rencontre le black metal de toute première vague, avec des envolées de guitares à la Scorpions et un côté evil qui fout le jetons. Je capote rare quand ils jouent Madman en milieu de set, puis terminent avec un cover de Overkill de Motörhead suivi d’un Whisky Time bien arrosé de Jack Daniel’s que les vieux italianos se passent et prennent des grosses gorgées au goulot.
PYREXIA servent un set plus qu’honnête dans la même veine qu’Internal Bleeding une heure auparavant,mais ces derniers les ont battus de peu en ce qui me concerne. Dire que Suffocation était supposé être de la partie aussi, heille, on aurait eu le holy trifecta du Long Island Death Metal! FUCK ON THE BEACH sont les suivants, les légendes absolues du fastcore japonais, avec le côté wacky propre à cette race d’humanoïdes extrême-orientaux, et c’est absolument malade! Un groupe que je pensais jamais voir en show, une chance que Obscene Extreme existe.

Ma yeule pend par terre et mes yeux sont écarquillés d’admiration et de terreur durant le set d’ANTIGAMA, cette formation polonaise oeuvrant dans un grindcore saupoudré de deathgrind qui rappelle le milieu de carrière de Napalm Death. Je suis moi-même tombé dans la marmite d’Antigama il y a peu et j’adore leur shit, ils sont de véritables virtuoses tout en étant d’une intensité sans pareil et ils restent in character tout le long, leur chanteur s’engageant parfois dans des tirades expérimentales. Très spécial comme set et mon dieu que c’était une séquence de sept groupes de haute volée qu’on vient d’avoir là!
Après ça, et avec la fatigue qui nous rattrape, il y a peu d’intérêt démontré envers le death old-school de PANDEMIA, qui en plus se la jouent méga-rockstars avec une intro interminable de fumée et de membres qui arrivent tour à tour, comme si ils étaient le headliner de cette soirée au lieu d’un groupe cooldown. Peut-être que si je les avais vus dans d’autres circonstances, genre en milieu d’après-midi, j’aurais mieux aimé, mais là je pars au milieu pour aller dormir, claqué que je suis. Je passe par la tente à bière qui est bondée à ras bord de tripeux qui dansent sur The Prodigy, mais ensuite ils mettent une pièce d’eurodance répétitive et fade et on voit des expressions frustrées sur les faces des ravers. Ils devraient peut-être engager des vrais DJs ou à tout de moins mettre des playlists travaillées, pas juste des tracks à apprécier “ironiquement”, mais hey c’est juste moi.
JOUR 4 – GRIND TILL DEATH!!!
Dernier jour, on entre dans le beat. Je jase un peu avec des voisins de camping alors je manque le tout début de EXORBITANT PRICES MUST DIMINISH, groupe suisse avec un nom étrange sans doute inspiré par l’inflation causée par la présidence désastreuse de Joe Biden. C’est un grindcore très tight plein de stop-and-go, avec le batteur de Nostromo. ILLVILJA viennent ensuite, du blackened crust suédois. Zzzzzzzz… Après cette platitude éhontée, on est compensés avec les Américains de IXIAS, mélangeant l’intensité du grindcore/powerviolence avec les structures non-orthodoxes du mathcore, un croisement entre Pig Destroyer et Dillinger, si on veut. Ils ont une boîte à noise et je m’attendais à de quoi de plus abrasif mais ils l’utilisent juste en intro, et ont les couilles de finir avec une longue pièce planante faisant contraste à l’ultraviolence des autres morceaux. À ça on ajoute leur swag de hipster zoomer, avec chemises fleuries, chapeaux de paille et moustaches ironiques, et Ixias ont fait de moi un fan.

TERMINATOR-X est dans une veine expérimentale powerviolente un peu semblable, quoiqu’ils sont juste trois, un batteur, un guitariste avec un saxophone en bandoulière qu’il emmène parfois à sa bouche, et une jolie gueuleuse qui opère aussi un theremin, un genre d’instrument électronique qui fait juste un grichement aigu qui est cool au début mais devient plus répétitif et fatiguant qu’un groupe de blackened crust suédois. Still, merveilleux set, et pour la dernière track le batteur et la gueuleuse changent de place.

DELAYED EJACULATION jouent du goregrind bien sûr, et lancent des condoms gonflés en balloune dans le pit. Ils ont pas de bassiste, donc leur goregrind est un peu plus strident que downpitched, ce qui est spécial. Ils terminent avec un cover de Genital Grinder, leur frontman demandant avec son accent et son swag polonais qui a fait la meilleure version entre eux et Carcass.
Nous arrivant all the way de l’Argentine, AVERNAL sont des guerriers grisonnants du death metal à l’ancienne, avec des bouts assez doom entrecoupés de toupa-toupas qui feraient hocher de la tête Gabriel Galarneau de Pouilleux of Destruction. Puis c’est ENDLESS SWARM, de Edinburg au Royaume-Uni, groupe prolifique de powerviolence qui fait somme toute peu d’impression sur moi, je dois être rendu assez fatigué. En plus, l’approximation de la langue anglaise qu’ils utilisent pour faire du “banter” entre les tounes me gosse quelque peu. Crisse de calisse, tone down ton accent de fond de village, tout le monde s’en tabarnaque si on comprend 25% de ce que tu dis.

SYSTEMIK VIOLENCE viennent du Portugal et jouent un punk hardcore honnête mais sans plus, puis c’est HAGGUS avec leur grindcore intentionnellement boboche à la Agathocles et compagnie, très pitchshifté, dançable, parsemé de beats de clowns, malheureusement la guitare est bin trop basse dans le mix et on l’entend pas une miette quand elle partage avec d’autres instruments.
Il fait maintenant crissement chaud, et les techs de scène arrosent la foule avec un boyau pendant que les vieux Japonais de SPEED!! NOISE!! HELL!! jouent leur punk hardcore chaotique, avec le chanteur qui passe la moitié du set dans le pit ou en bodysurfing. INCARCERATION (deux Brésiliens et deux Allemands) jouent un OSDM avec la pédale dans le fond, et ensuite il y a une succession de bands qui m’intéressent peu et je compte judicieux d’aller faire un somme au lieu. La température interne de ma tente est assez haute pour faire cuire un poulet alors c’est un no-go, je prends mon matelas de sol et je vais trouver un spot dans le bois, pas loin d’une punkette croûteuse qui roupille dans un hamac.
Je reviens quand HIATUS commencent leur set, cinq papis belges qui nous livrent leur punk hardcore des années 80, comme Capital Scum l’avant-veille. À l’instar de leurs comparses, on dirait qu’ils jouent la même maudite toune pendant 40 minutes de suite, mais c’est quand même écoutable et je suis pas sarcastique quand je dis que j’ai du respect envers ces vétérans et pionniers, le grindcore que j’aime tant aurait jamais couru si le punk hardcore avait pas marché d’abord, et il y a de quoi de très cool à les voir faire ce qu’ils faisaient il y a presque 40 ans de ça avec un gros sourire. Certains sont rendus clean-cut mais leur bassiste a des impressionants dreads qui touchent quasiment à terre.

Ce quatrième et dernier jour est somme toute celui avec l’affiche qui m’intéresse le moins, mais il y a des perles quand même, dont les magnifiques BLOCKHEADS! Le meilleur grindcore ces temps-ci vient de France, comme quiconque est pas idiot comme un âne le sait, et les Bloquèdes sont le fer de lance du mouvement, ayant célébré leur 30e anniversaire l’an dernier et droppé l’hallucinant Trip to the Void l’année avant ça. Ça blaste comme ça a aucun crisse de sens, mais ils me surprennent avec un set qui respire, les pièces à 200 bpm entrecoupées de beaucoup de passages plus lents. Détail cocasse à mentionner, parmi les stage-divers il y a un amputé qui grimpe souvent sur la scène, enlève sa prothèse, et sautille d’un bout à l’autre en la brandissant fièrement!
RAW POWER est un groupe de punk hardcore italien, je commence à en avoir un peu ma claque de ce style alors je regarde de loin et je pique des jasettes avec des vieux ou nouveaux chums, dont Omar de Helionight, qui me parle de la scène au Bahrain et dans les pays voisins. Puis c’est le tour de ROTTEN SOUND, qui contrairement à Blockheads ne lâche pas la pédale de gaz une seule seconde. Quelle violence!!! Ces estis de Finlandais sont la crème de la crème du grindcore depuis trois décennies, et nous rincent les oreilles comme il faut!

Le chanteur de MASSACRE arrive sur scène avec un t-shirt et un chapeau de Pikachu, mais à part ça, le band est pas là pour niaiser, oh que non. Ces légendes du death-thrash nous jouent au moins la moitié du suprême classique …From Beyond de manière magistrale, nous montrant que y a absolument rien qui frappe le centre de la cible comme un beau crisse de riff de death metal à l’ancienne. Ils jouent aussi un medley de pièces de Slayer, Metallica, Maiden, Repulsion et GG Allin qui partent un sale party. Fuck yeah.
La foule diminue de moitié pour DEFLESHED, c’est dommage en mautadine, mais hey, ils savent pas ce qu’ils manquent. Le trio suédois joue un death-thrash plus sec et plus vite que Massacre, et l’exécution est tight comme [censuré]. Un superbe set qui sert de consolation tant bien que mal pour avoir manqué The Crown. ABADDON INCARNATE conclut le fest en ce qui me concerne, un des bands que j’avais le plus hâte de découvrir. Ils viennent d’Irlande, ce qui est assez rare, cette île insignifiante étant aussi déficiente pour ce qui est de la musique extrême que du reste des possible exports culturels, et ils ont commencé dans les 90s avec du grindcore à la Napalm Death avant de virer pas mal plus death metal avec le passage des années. Il s’adonne qu’ils livrent tout un show et que leur package visuel et sonore évoque bin plus un gros groupe établi qu’une formation de série D foutue à la fin d’un marathon de quatre jours. Je vais les suivre de proche, si il y a justice en ce bas monde ils sont vraiment pas loin d’un beau breakthrough mérité.

Faque ouin, tout un festival n’est-ce pas?!