Compte-rendu: QCDM BBQ 4

18 groupes en 2 jours, voilà ce que nous propose mon homonyme Félix Ouellet et son organisation du QCDM BBQ à Trois-Rivières. Puisque c’est mon premier show en terre québécoise en trois ans et demi, j’y recontre plein de chums avec qui je fais juste correspondre via internet depuis, comme Simon et Phil Rock de Metal Minded, Gabriel, Ti-Dom et Jefferson de Pouilleux of Destruction, ainsi que Jérôme de Tumor Necrosis Factor Alpha. Les bro hugs se multiplient.

“Salut on est ART OF GORE, on vient de moitié Trois-Rivières moitié Québec, notre première toune s’appelle Genital Rot” Les quatre zigotos ouvrent les festivités avec un death metal “New Yawk style” brutal et groovy qui plairait à tout fan de Pyrexia et Internal Bleeding. Ils ont deux guitares et pas de basse, ce qui enlève un peu de crunch et de tightness à leur prestation, mais la foule embarque, et en plus ils ont le sens de l’humour, avec un échange de niaiseries entre chaque track avec la foule encore clairsemée et une toune intitulée Pussy Souvlaki qui part des chants avec le poing en l’air.

Une quille de Labatt 50 à 12$, ouf, on est pus au Obscene Extreme hein? J’en achète une pareil vu que j’ai souèfe. DISCOVERY THROUGH TORMENT embarquent ensuite, dans un créneau un peu plus complexe me rappelant par bouts l’album de Harmoniaq que j’ai bien aimé l’an passé mais avec des breakdowns et des passages bien caveman aussi. Ils ont pus de chanteur malheureusement, mais ont décidé de faire le show pareil comme les badasses qu’ils sont, en invitant des gens à venir les joindre sur le stage. Martin Bolduc de Aulnes y est allé pousser une ritournelle sur la deuxième track, et son vocal torturé a bien fait la job. Sinon d’autres pièces ont été instrumentales ou avec un vocaliste qui improvisait, ce qui enlevait de quoi.

BIOLOGICAL MONSTROSITY est un nom qui sort des boules à mites en ce qui me concerne, ça fait une éternité j’ai pas entendu parler d’eux. Ils viennent de Longueuil (comme on peut deviner avec l’impressionant mullet de leur vocaliste) et font du goregrind plein de gargouillis, de blasts et de beats de clown. Puis c’est COLONY OMICRON, un guitariste-grogneur abitibien en solo avec une boîte à rythmes, comme Putrid Pile, et en fait il joue un death metal purulent pas si différent de ce que l’gros Shaun de Putrid Pile fait.

EXOTOXIC sont des vieux de la vieille, un band de Grand-Mère (au nord de Shawinigan) qui a sorti un démo en 1992 et pas mal rien depuis. Les quatre boomers nous livrent un death-thrash old-school que l’crisse avec enthousiasme et une habileté surprenante vu qu’ils jouent pas bin souvent. Mais avec FRACTURUS, on a l’impression que le show vient d’embrayer à la vitesse suivante. Les groupes locaux c’est très cool et je dis à maintes reprises avec sincérité comment je les chéris, mais Fracturus feel comme un gros band de calibre international. J’avais adoré leur EP, un peu moins leur LP à cause qu’il est un peu plus deathcore à mes oreilles, reste que j’étais fébrile à l’idée de les voir. Et que dire d’autre que DOUX JÉSUS D’BOUT D’CRISSE QUE ÇA TUE DU FRACTURUS EN SHOW?! Mes comparses et moi on s’est centrifugé le cerveau à force de headbanger sur leur death metal percussif et moderne mené par le vétéran mercenaire du death growl qu’est Alextrême Leblanc.

C’est pas avec INTONATE qu’on va arrêter d’headbanger, quoique c’est une autre sorte de mouvement de la tête dont il s’agit, basé plus sur la transe que la folie furieuse. La troupe de Nick Nucci nous livre un death-doom bien caverneux qui se prend merveilleusement en live. Donc pas mal de variété à date, tout en restant dans les eaux fétides et sulfureuses du death metal, et ça continue avec NERVOUS IMPULSE, qui oeuvrent dans le deathgrind infusé de bon vieux HxC tough guy bien gras. Ils ont deux vocalistes, un plus growly, un plus shrieky, ce qui fait qu’on se fait gueuler après sans aucun répit. Un de leur guitariste porte un ensemble de shorts et chemise fleuris vu qu’il a perdu un pari quelconque, mais à part cette boutade, le band est 100% sérieux et plein focus.

PHOBOCOSM prennent le bâton de relais laissé par Intonate et continuent de courir avec, ou de ramper comme un éléphant de mer plutôt, vu que ce quatuor joue du gros crisse de death metal doomy, atmosphérique, dissonant et caverneux. J’adore ce style et j’ai bien apprécié leurs albums (en passant, vous êtes dûs, les boys, le dernier date de 2016!) et je reste en première rangée, hypnotisé par les gros riffs et les ambiances sombres, mais mon enjoyment est un peu diminué par la fatigue accumulée et la linéarité de leur set.

Le lendemain, on sent que quelque chose de spécial s’en vient et que le show de vendredi était juste un genre d’amuse-gueule. La foule est bin plus dense, même à 16:30 quand ZERO STATE commence à faire du bruit. Le groupe existe depuis à peine un an et n’a qu’une toune de sortie, mais ils ont fait leur nom sur la scène et ils sont très attendus, plusieurs m’ont dit de pas les manquer. On parle d’un death old-school infusé de riffs thrash qui font bien bouger et de deux guitaristes qui s’échangent des solos, du vrai bonbon qui part des gros pits, ce qu’on a pas vu avant la moitié du show la veille.

Après un tel chauffeur de salle, quiconque les suit a intérêt à envoyer la sauce, et quand je regarde le programme et vois que c’est SCORCHING TOMB, je suis pas inquiété une seconde à ce sujet. Leur death metal a un côté hardcore plus que charmant et une basse qui fait clang-clang, un autre band dont j’ai entendu beaucoup de bien et qui est à la hauteur de mes attentes. Là ils sont le représentant le plus hardcore à un fest 100% death metal, et dans un mois à Rimouski ils seront le porte-drapeau du death metal à un fest de hardcore, bien hâte de voir ça!

DISEMBODIMENT a un son bien gras imprégné de beats toupa-toupa qui nous font bien jiguer, la bonne humeur est au rendez-vous! Gabriel de Pouilleux of Destruction le dit bien, “Si Disembodiment était un gâteau, y aurait juste du glaçage” Ils sont suivis de PURGATOIRE, que je qualifierais de old-school brutal, avec des bouts qui font penser à Cannibal Corpse à en lever les sourcils mi-gorgée de bière. Leurs paroles sont en français mais les grognements ultra-gutturaux de Félix Ouellet sont 100% incompréhensibles, et puisque cet homme a un gabarit plutôt large et un sens de l’humour certain, il nous exhorte à “[…] faire un trou dans l’plancher avec la prochaine, qui est trois fois plus pesante que moé!” Ils nous servent aussi un maudit beau cover de Rottenatomy de Gorguts.

NECROMORTIS ont malheureusement quelques problèmes de son mais leur death metal est plus qu’honnête, malheureusement je pogne une grosse fringale et je quitte un peu avant la fin pour aller prendre une petite marche sur la partie piétonnière du Boul. Des Forges, envahi de normies, de mononcs et matantes et de groupes de jeunes filles en shorts courts qui font “Hihihi!”, en ce début de vacances de la construction. Ce bain de foule et ce petit break du death metal me font du bien, mais le seul casse-croûte abordable peut pas me servir puisqu’ils sont understaffed en cuisine, alors je me rabats sur le dépanneur de Chinois et je pique une jasette à mes compatriotes un petit bout en grignotant mon dîner de fortune à leur comptoir.

Je pensais revenir un peu après le début de PURITY IN PERVERSION mais il y a eu un peu de retard dans le planning et ça marche en ma faveur, I guess. On me les a décrit comme “des p’tits gars de Rimouski qui niaisent pas” et c’est bien vrai que leur son est brutal en crisse, avec un élément slam plus ou moins absent jusque là, mais ils ont le sens de l’humour quand même, avec un bizarre sample de toune d’enfants et un vocaliste qui nous fait faire des moves de tenir un guidon de moto invisible et donner du gaz à coups de poignet droit. On a même droit à un bodysurfing. PIP c’est un ajout excellent à une scène death québécoise qui regorge déjà de talent!

On sent une anticipation palpable pour STABBING, nous arrivant direct du Texas pour leur premier show en terre canadienne si j’ai bin compris. La rumeur est que Justin Trudeau lui-même a étampé leur application de visa quand il a vu que non seulement ils ont la parité (deux gars deux filles) mais qu’en plus le guitariste et le drummer sont des minorités ethniques! La chanteuse garde une petite bouteille de miel en forme d’ourson à côté du moniteur et en prend des gorgées de temps à autre, peut-être est-ce son secret pour avoir un vocal aussi inhumain, et que dire de la musique du trio qui l’accompagne autre que sacrament de crisse de c’est violent? Je suis en première rangée et on se fait pousser en masse, les quelques fois que je me retourne pour regarder le pit je vois un carnage pur et j’ai peur de voir des membres arrachés revoler. Est-ce que Stabbing sont les clous du spectacle, le meilleur set de tous les deux jours? Ils sont dans le top 3 ça c’est sûr.

CHTHE’ILIST est un genre de super-groupe québécois mené par Phil Tougas (First Fragment, Worm, Atramentus et un paquet d’autres) et leur death caverneux à souhait est très bien placé pour faire respirer un peu entre deux bands de gros brutal qui tache. Pas qu’il soit mou, loin de là, avec bin des passages rapides entrecoupés de mid-tempos et de bouts doomy, ils sont experts dans tous les beats et leur show est hypnotisant, avec l’éclairage tamisé et la présence de scène minimaliste. J’ai adoré!

DEFEATED SANITY est le seul groupe que j’ai déjà vu, quoique on parle d’il y a plus de 15 ans et bin du sang a coulé sous le pont depuis. Dès leur sound check, on remarque que le son du snare drum est sec comme un ballon de basketball qui rebondit et j’aime ça! Ils nous rincent les oreilles bin comme faut avec leur death ultrabrutal et technique au point d’en être bizarre parfois pour les morons comme moi peu familiers avec structures et gammes non-orthodoxes. C’est impressionant de voir les doigts du guiteux et du bassiste se faire aller sur leurs manches, et leur chanteur a un grunt puissant hors de ce monde, en fait c’est un petit bémol pour moi, d’habitude je trouve que les vocaux de death metal sont trop bas dans le mix en spectacle mais là ils sont un peu trop forts. Leurs passages slam sont illégalement pesants, et ils alternent ça avec des vieilles tounes dans la patch comme Liquifying Cerebral Hemispheres.

18 groupes dont pas un seul a donné un mauvais show en tout, une belle célébration de death metal et d’amitiés entre freaks qui affectionnent le genre! Un gros cheers à Félix Ouellet et tous ceux impliqués dans l’organisation.

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