Compte-rendu: Maryland Deathfest 2024

Le Maryland Deathfest a grossi comme une balloune depuis la dernière fois où chus allé, il y a seize ans de ça (!!!) On est rendus à cinq stages, cinq jours, une foule exponentiellement plus nombreuse, dans le centre de la ville afro-américaine de Baltimore. Le focus a changé aussi, en 2008 le grindcore dominait, cette fois le bon vieux death metal a repris le devant, avec un nombre de groupes de black et de thrash qui étaient absents autrefois. L’affiche est monstrueuse, ça y a pas à dire, et quand je l’ai vue annoncée il y a plus d’un an j’ai fait “YOLO FUCK IT” et j’ai acheté une passe.

J’arrive d’Islande et je prends un combo bus et train, qui coûte $2 et m’emmène à quelques minutes de marche de l’appart que mes chums d’Ottawa ont loué, lui-même à quelques blocs d’où le fest a lieu. On arrive plus ou moins en même temps, et après une bière rapide on va au Ram’s Head faire la file pour nos bracelets. Ça se fait assez vite, et on entre quand MIDNIGHT est sur le stage. Le power trio encapuchonné livre des crisses de tounes de speed metal qui plairaient aux fans de n’importe quel sous-genre et même aux normies. Ils emmènent aussi une jeune demoiselle bien roulée en bikini noir sur le stage et la fouettent sous les acclamations de la foule. Midnight en show c’est tout un party!!!

Mon vieux pote Mathieu et moi on va manger à une rôtisserie péruvienne juste à côté, puis c’est le tour de ALTARS, qui joue un death metal très noisy et chaotique. Après c’est ATHEIST, un des groupes de cette vague de tech-thrash qui a eu un vent de popularité au début des 90s mais est allée pas mal nulle part, et a peu d’influence aujourd’hui, bizarrement. Je pense que le seul band de tech-thrash que j’ai vu live au cours les dix dernières années est Broken Arrow, de Nanjing. Anyway, Atheist, il reste juste le chanteur du line-up original, un vieux papy avec un bandana, le reste étant quatre jeunots. Ils ont tous de l’énergie à revendre et une maîtrise technique hors de ce monde, tout en produisant des tounes hyper catchy. Sur album j’aime très peu ce style, mais en show ils ont plus que livré la marchandise.

Je rencontre deux Québécois en chemin vers l’autre salle,  je reconnais une casquette des Expos et ils aperçoivent la mienne des Capitales. On jase et on commande une bière Yuengling au bar, qui s’avère être une king can de 24 onces. Tout est plus gros aux ‘Tas-Unis. On regarde la moitié du set de MORPHEUS DESCENDS, un foutument bon groupe de death old-school qui mérite d’être vu jusqu’à la fin, mais la façon que le fest est organisé, avec plusieurs salles et parfois des overlaps, il faut faire des sacrifices. Je sais qu’il y aura foule pour Sodom, alors je veux me garantir une bonne place. Même quasiment une demi-heure d’avance, la salle est comble, et j’arrive tant bien que mal à me faufiler sur la rambarde du troisième balcon, à un spot où je vois la scène de côté. Il y a deux gars qui se parlent en une langue bizarre, d’habitude j’ai l’oreille pour identifier les langues étrangères, mais là pour assouvir ma curiosité et passer le temps je leur demande c’est quoi. Il s’avère que c’est un dialecte d’Allemands de montagnes complètement inintelligible avec l’allemand standard, et qu’ils viennent du Liechtenstein!

SODOM arrive avec un peu de retard, et ils sont reçus en dieux, commençant avec un Christ Pässion (avec le tréma, pour évoquer l’accent de Onkel Tom) et enchaînant avec un paquet de tounes assez obscures des albums des années 80 rarement jouées live, comme Proselytism Real et The Conqueror. Je crie comme une fillette quand ils commencent Nuclear fucking Winter, ma toune préférée d’eux et une que j’ai jamais vue live les 4-5 fois que j’ai eu la chance de communier avec ces titans du thrash allemand, holy fuck, quelle claque! Je regarde le pit de mon nid haut perché, et ça tourne comme une laveuse en mode essorage. En tout ils jouent 90 minutes de temps, sortant d’autres tounes des boules à mites alternées avec les classiques, et aussi un cover de Venom, Leave Me in Hell. Quand ils terminent avec Bombenhagel, je sais pas si c’est vraiment la fin ou une de ces niaiseries de rock stars où ils vont faire un rappel, mais je sais que je veux pas être pris dans un gigantesque bouchon quand la salle se videra alors je me précipite dehors, presto.

MELECHESH a déjà commencé quand j’arrive au Soundstage, un band dont j’ai évidemment entendu parler mais peu exploré. Et j’attendais quoi, ciboire?! Ces Israélites ont commencé avec du black metal avant d’évoluer vers un mix de tous les styles extrêmes avec une grosse infusion de groove et d’éléments Proche-Orientaux, mais on parle pas de claviers pouet-pouet, c’est plus subtil et savamment travaillé que ça, avec du drumming “tribal” et des chants. J’ai adoré leur show et j’en aurais pris plus, mais ainsi se termine le pré-fest du MDF 2024.

JOUR 1

Les shows commencent juste à 16h, donc on a une journée relaxe et en milieu d’après-midi on se rend à un restaurant pour manger du crabe. Le centre-ville de Baltimore passe vite fait d’édifices à bureaux et vieux port à terrains vagues et taudis tout décrissés avec des portes barricadées avec des planches, et il y a des déchets partout. Charm City mon cul. J’ai même droit à un “The fuck you is looking at?” de la part d’un des charmants habitants en train de macérer dans sa crasse à un arrêt de bus, je me retiens pour pas corriger sa grammaire déficiente.

Le band qui ouvre les festivités est DEPULSED, du gros slam pesant. Même sans guitare basse, leur son est si grave que lors de la dernière, Self-Filling Prophecy, le sol vibre et m’envoie des déflagarations désagréables. Puis c’est KURNUGIA (le g est prononcé comme un j, comme leur chanteur nous explique), du bon death metal steak-patates de Cleveland. Ils terminent ça avec un beau cover de Into the Grave.

Donc si j’explique un peu comment ça marche, à date il y a deux scènes ouvertes, le Soundstage et le Ram’s Head. Ce sont deux salles de spectacle en temps normal (le Soundstage étant la plus petite des deux), à 100 m de distance, et là quand je me déplace au Ram’s Head il y a une file interminable, vu qu’il faut refaire leur espèce de protocole de sécurité comme à l’aréoport et se faire taponner par un bouncer à chaque fois. Ça fait vraiment chier, et ainsi je manque les premières 10 minutes de FOSSILIZATION, un des groupes qui a sorti un de mes albums préférés de 2023. C’est du death ultra-caverneux, limite black metal, ils portent même du corpsepaint et ont une présence de scène et éclairage minimaliste. Je suis là, à doucement faire aller ma tête, hypnotisé.

Je quitte 5 minutes avant, en me disant que ces bouchons de foule ont plus de chance d’arriver juste après les sets. J’arrive donc sans encombres pour INCINERATE, qui jouent bien sûr du slam brutal et groovy, avec un tel nom. C’est bien. Puis c’est DERKETA, un groupe de doom-death qui embraie pas souvent en deuxième vitesse. Il manque de pesanteur, de claustrophobie, d’ésotérisme, de danger, tout ce qui peut rendre le doom-death si dévastateur. Ça c’est pour la première moitié du set en tout cas, ensuite ils enchaînent avec une track de leur démo de 89, qui a un groove mid-tempo indéniable qui transitionne à des passages de haute vitesse, la meilleure du set. Puis ils reviennent en mode “Prius à 35 km/h”.

Je savais que STABBING c’est pas du bluff, après leur prestation au QCDM BBQ. C’est super bien rodé après autant de tournée, et d’une brutalité inouïe. La musique est méchante comme ça se peut pas mais extrêmement le fun, et on assiste à du crowdsurfing, du stagediving, des gros pits hargneux, le tout avec comiquement des ballons de plage qui volent partout, un moment donné Bridget en reçoit un à ses pieds et lui donne un kick. Ils dédient Southern Hacksaw Execution à leurs fans du Texas, et jouent deux nouvelles tounes qui augurent bien. Le line-up a changé un peu depuis l’an passé, dans un scénario inverse à ce qu’on observe aujourd’hui, une femme et un membre de minorité ethnique remplacés par deux mâles blancs, présumés cisgenre et hétérosexuels en plus. Si les parasites de DEI portent attention au monde du death metal, ils ont dû faire une crise cardiaque en voyant ça. Hihihi.

CHTHE’ILIST est le premier et pas le seul band québécois sur l’affiche, montrant l’extrême qualité et profondeur de notre scène. Ils transcendent ça en fait, et font partie du visage émergent du death metal post-2020, avec tous ces bands qui produisent du death intelligent, varié, technique sans être show-off, prog sans être prétentieux, old-school sans être enchaîné au passé, moderne sans être stérile. Le chanteur semble pris dans une genre de transe, ses longs cheveux dansant dans l’air comme les rubans d’une gymnaste au rhythme de son headbanging sur le gros metal que les musiciens vétérans de différents bands underground légendaires québécois crachent. Excellente prestation qui a plu à beaucoup, si on se fie au street talk.

Je regarde quelques tounes de CENOTAPH, groupe mexicain de gros slam brutal qui fitte le thème de la journée au Soundstage, avant d’aller me placer à la scène extérieure tout récemment érigée, où AT WAR joue. At War est un power-trio plus sel que poivre, avec des passages thrash corrects mais aussi des relents de vieux hard rock qui sent le moisi et la cendre de cigarette, et les transitions sont maladroites, comme un groupe peu rodé qui joue pas souvent. Pas complètement dégueulasse, mais rien de plus qu’un apéritif avant SODOM.

Pour le deuxième set des légendes allemandes en autant de jour, je suis placé en avant, et j’ai rarement été aussi fébrile pour un show, on sent que ça va être du spécial. Dès qu’ils entonnent le riff d’ouverture de Agent Orange, un pit monstre ouvre et il se fermera jamais. Je suis en plein dedans, tournant à toute vitesse et frappant des inconnus de tous bords tous côtés. L’album légendaire de 1989 est joué de A à Z, et c’est facile d’oublier qu’outre les classiques (la toune éponyme, Remember the Fallen, Ausgebombt), même les tracks plus oubliées ont des foutus riffs thrash violents, et des changements de tempo qui font aller le pit comme une centrifugeuse. C’est cool de voir Frank Blackfire (guiteux de 1987 à 1989) de retour dans le groupe, et de prendre le rôle de deuxième frontman, s’adressant souvent à la foule. Après avoir terminé l’album avec un Don’t Walk Away qui fait chanter tout le monde, ils concluent ça avec Sodom and Gomorrah, M-16, Sodomy and Lust et Outbreak of Evil, couvrant autant que possible leurs 42 ans de carrière. Un show magique, et c’est trempé de sueur que j’erre dans la foule qui se dissipe pour me chercher une bière.

JOUR 2

C’est KONTUSION qui ouvre le bal au Soundstage, du death style HM-2 avec des d-beats et une jolie bassiste. DEFEATED SANITY inaugure le deuxième stage extérieur, au gros soleil tapant, mais le stage est tellement bas qu’on voit quasiment rien si on est loin. Leur death brutalo-technique vient moins me chercher que les autres fois j’es ai vus, alors que je regarde de loin distraitement en jasant avec du monde.

TRIAC est le premier groupe de grindcore à l’affiche, ce qui montre comment le fest a changé, en 2008 les sept premiers bands et la moitié du total étaient dans ce style. À cette époque il y avait pas une miette de black metal non plus, comme AURA NOIR, qui nous livre un set de black-thrash très générique que je regarde à moitié avant d’aller m’alimenter. Au bout du site, il y a pas mal moins de monde que je pensais pour MONSTROSITY, remplaçant Defleshed à la dernière minute. Avant que les musiciens montent sur la scène, un vieux barbu prend le micro et fait la promotion d’une station FM de rock n’ roll de la région de Tampa Bay, comme si personne s’en calissait pas.

Il y a quasiment aucun des membres qui étaient là la dernière fois que j’ai vu ce groupe jouer, c’est quand même comique que tant de vieux bands soient gardés en vie comme ça, avec des musiciens qui étaient même pas nés quand les classiques qu’ils jouent ont été composés. On a droit à du son classique floridien, des tounes des années 90 et au moins une que je reconnais de l’album Spiritual Apocalypse. Je rentre au Ram’ Head remplir ma bouteille d’eau, et en chemin, je vois des extraits de NOCTEM (black metal) et TORTUROUS DESCENT (death metal) qui semblent prometteurs, mais c’est la nature de ce festival, tu te retrouves à devoir piger une toune ici et là si tu veux voir le plus de groupes possible. J’assiste à la moitié du set de deathgrind de VERMIN WOMB avant d’aller me trouver une place assise pour SPECTRAL WOUND, formation de black metal de Montréal qui m’avait jeté sur le cul avec leur album Diabolical Thirst en 2021. J’avais hâte de les voir, et ils ont livré la marchandise avec brio, un bon black metal très mélodique mais avec de la drive vers l’avant.

J’arrive pour la fin de SISSY SPACEK, qui chie du noisegrind chaotique, alors quelques minutes c’est assez, surtout avec le vocaliste superflu qui arrête pas de siffler dans le micro avec un sifflet de détresse. Puis je vais à l’appartement à dix minutes de marche pour manger de quoi vite fait, et mauvaise surprise, l’alarme de feu sonne dans tout le building. Des employés du Dunkin Donuts voisin sont dehors et disent qu’ils l’ont déclenchée sans faire exprès, et là ils attendent les pompiers depuis 15 minutes. Merveilleux. J’essaie de rentrer quand même, mais l’alarme est pas juste fatiguante, elle est assourdissante, plus fort qu’un show de grindcore. Alors je vais au dépanneur d’en face acheter du poulet frit, où un adolescent est en train de faire arrêter par la police pour vol à l’étalage. “Dindu nuffin!”, qu’il proteste, en vain, ses chums formant un scrum menaçant et haranguant la police en un dialecte dont je comprends juste la moitié. Un des policiers me dit de faire attention dehors, les adolescents sont un peu énervés depuis quelques jours, notre rue ayant été la scène d’une fusillade qui a laissé un policier blessé et un adolescent mort.

Un peu déprimé, je retourne me réfugier dans le monde si réconfortant du metal extrême. J’avais bien hâte de voir les Suisses de BÖLZER, de mon souvenir c’était du death caverneux bien épique avec juste un petit côté prog, mais ils ont évolué depuis, avec des passages en voix claire et beaucoup de riffs et d’atmosphères sortant loin du death metal avant d’y retourner pour un gros breakdown pesant ou une séquence blast. Ils sont juste deux sur les planches, avec une performance sans flafla, ils s’encombrent pas de musiciens accompagnateurs superflus, d’éclairages complexes ou même de souilers, le guitariste se baladant nu-pieds. Un des meilleurs shows de tout le weekend en ce qui me concerne.

J’assiste de loin à quelques minutes de AHAB, en chemin. Ils jouent juste deux riffs durant cette période. Vraiment, mais vraiment pas de quoi dont j’ai le goût, à cette heure tardive et l’effet de la fatigue qui me rattrape lentement. Je vais donc voir BRODEQUIN, groupe de brutal death devenu un meme au travers des années pour avoir sorti des albums avec une production tellement rough qu’ils en sont à la limite de l’écoutable. Hé bien après une longue pause, ils ont sorti une nouvelle galette l’an passé, et non seulement on entend pas juste clangclangclangclang tout le long, mais en plus la musique est excellente. En show, ça rentre au poste, quoiqu’ils arrivent pas à battre Stabbing qui a mis la barre haute en simonaque en terme de gros brutal qui tache.

Une traversée du site m’emmène à 1349, qui commence ça avec un Sculptor of Flesh qui me ramène une quinzaine d’années en arrière. En tout cas ça me prend une minute avant que je la reconnaisse, le son et surtout l’exécution étant pas au rendez-vous. Le groupe de trve black norvégien est axé sur la violence, la vitesse et les rhythmes dans la patch, donc pour faire impact, il se doit d’être tight et affublé d’une qualité sonore acceptable. 1349 en version sloppy pudding ça marche pas du tout, désolé. Alors je reviens sur mes pas et j’attends que WEEKEND NACHOS nous décalisse les oreilles bin comme il faut. Leur hardcore/powerviolence fait mouche, et on a droit à un des meilleurs sets du festival.

JOUR 4

Comme avec Defeated Sanity la veille, les organisateurs ont l’astuce de mettre un groupe avec une certaine renommée en premier, pour attirer les gens à venir tôt. Cette fois on a AVULSED, ou en tout cas, pour les quelques premières pièces, le bass drum d’Avulsed. Le son arrête éventuellement de sucer des noeuds, et les vétérans espagnols nous garrochent des pièces de death metal bien guttural couvrant toute leur carrière, même leur premier EP sorti en 1993. Leur chanteur m’impressionne avec son habileté à headbanger et grogner en même temps, et il part un wall of death sur leur classique Goresplattered Suicide. Puis c’est NOISY NEIGHBORS, un duo de grindcore de San Antonio, qui utilise en guise d’intro une version à leur sauce de The Hey Song de Gary Glitter. La guitare est glitchy par bouts, elle arrête de fonctionner avant de repartir, je me demande si c’est intentionnel ou un autre esti de problème de son. À date, je dirais qu’il y a plus de sets avec des problèmes de son quelconques que sans, ça fait un peu dur.

J’ai soif, et les mange-mardes du Soundstage ne fournissent pas d’eau potable. Je vais pas payer $4 pour une sacrament de fucking bouteille d’eau, alors je me rends au Ram’s Head, qui met à la disposition des festivaliers des grosses cruches d’eau glacée. Je vois une dizaine de minutes du set de IMPURE, du OSDM caverneux by the book, avec le drummeur qui chante. Puis c’est SEVERE TORTURE, du death metal steak-patates qui me fait pas chier mais m’impressionne pas non plus.

CONTAMINATED joue du gros death pesant, ensuite c’est VOMI NOIR, trio de goregrind de France. Ils expériencent des tonnes de problèmes techniques, jouant leur intro Air Vicié deux fois, et une bonne partie du set est passée avec le guitariste et une couple de techniciens accroupis à brancher et rebrancher des câbles. Décevant. Ce qu’on a entendu est nice, cependant.

Je pourrais pas trop dire pourquoi SKINLESS a fait si peu d’impression sur moi, qui aime bien leurs albums et ai été déchiré en deux par leurs shows dans l’temps. Faut dire que c’était dans des petites ou moyennes salles, et que j’étais pas à une centaine de mètres. Aussi, disons-le, avec le gigantesque line-up du Maryland Deathfest et l’assaut sur les sens que je reçois depuis trois jours et demi, certains sets flottent à la surface alors que d’autres se perdent dans la masse.

INTESTINAL DISGORGE vient avec un vocal aigu un peu fatiguant et incongru pour leur style de goregrind, mais YACÖPSAE remet les pendules à l’heure avec une prestation jambonnement violente, je me demande si c’est pas le groupe le plus violent du fest, ou au monde, Jésus crisse que ça déménage du Yacöpsae. À l’instar de Weekend Nachos la veille, ils sont issus du punk et hardcore, pas du metal, et ça se voit avec leur look, leur approche rhythmique, et leur frénésie. C’est refraîchissant. On penserait qu’avec un fastcore aussi décapant, on tomberait dans le chaos et la cacophonie, mais non, ils ont un contrôle sur leurs instruments et ça arrête souvent très sec. Je suis assis avec mon chum Martin de Sherbrooke, et quand la toune Tanz Grozny Tanz part, je vire fou et je donne un coup de poing sur la rembarde où il avait mis son vodka-orange, le renversant. Je vais donc lui en acheter un autre.

VOMITORY est un des rares groupes que j’adore sur album mais dont les shows me font un peu chier. Je me suis dit que je leur donnerais une chance vu que leur musique est si excellente, au début ça part mal, le son est un gros crisse de fouillis, avec la guitare juste trop forte et pas de vocal du tout, mais éventuellement le soundman arrête de se décrotter le nez et le reste du set est béton. Les quatre patibulaires Vikings nous abreuvent de leur death typiquement suédois, surtout des tracks de leur dernier album mais aussi la chouette Terrorize Brutalize Sodomize et une track de Redemption. Leur set est bien apprécié, je pense ils viennent pas si souvent en Amérique.

DISMEMBER… bin c’est Dismember. C’est mon moins préféré du Big Four et de loin, leur approche plus mélodique et leurs tounes qui se ressemblent toutes étant des choses qui rendent mon pénis assez mou. J’aime juste la première minute de la première toune de leur premier album, ensuite c’est downhill. En plus le son est à chier, alors même si je me forçais à attendre pour voir si ils vont jouer Override of the Overture ou pas, il se pourrait je sois juste en crisse qu’on entende juste un bruit de bourdonnement. Donc j’assiste juste à une quinzaine de minutes de ce qui est essentiellement le headliner du festival, me disant que je suis mieux, stratégiquement, d’aller me placer pour SOILENT GREEN. Je suis surpris qu’il y ait si peu de monde, alors je m’octroie un spot drette à la barrière. Je pensais jamais voir ce groupe défunt depuis longtemps, mais là je suis en avant, à me faire aller la tête au rhythme de leur mix si original de grindcore et de sludge de la Nouvelle-Orléans. Yes esti.

BEHEADED est un autre groupe que je connais depuis longtemps et que je pensais jamais voir en show. Ils jouent un death metal bien sec typique des mid-90s, avec des mid-tempos bien placés, et ça termine bien la soirée en ce qui me concerne. Je suis trop claqué et je vais me coucher avant Haemorrhage, à écouter mes chums le lendemain supposément que c’était la grosse foire, un show à la Obscene Extreme, mais hey c’est la vie.

JOUR 5

On décide de faire un peu de tourisme, à visiter le phare, le sous-marin et les bateaux ancrés dans le vieux port, et on manque le premier band. NECESSARY DEATH commence donc la journée avec son grindcore qui pète la cenne. ARTIFICIAL BRAIN est haut sur ma liste, un groupe qui a été un coup de foudre, dès que j’ai entendu quelques minutes de leur album il s’est immédiatement mis dans le mix pour mes tops de l’année 2022. Ils sont sur la scène extérieure, au soleil, mais avec une petite brise agréable. Une chance que je me suis crèmé. J’ai du fun avec leur set (marijuana légale aidant) mais on entend pas assez la lead guitare, et mes peurs initiales se concrétisent, un tel death metal progressif aurait bin mieux fitté en dedans, avec la qualité du son acceptable du Soundstage comparé à la médiocrité à laquelle on a souvent droit sur les stages extérieurs.

Je me rappelle avoir été présent pour les sets de ORGAN FAILURE et INHUME, mais je me rappelle de rien à leur sujet. Peut-être ils étaient génériques à mort, ou alors je m’en viens sénile comme Joe Biden. La journée commence vraiment avec un bloc de quatre groupes que j’ai très hâte de voir, les premiers étant CRYPTOPSY. Le band basé à Montréal a sorti des daubes après ses quelques premiers albums classiques, mais son tout dernier est franchement excellent. Pas que ce soit si important, vu qu’ils sont là pour jouer le légendaire album Blasphemy Made Flesh au complet et lui souhaiter un bon trentième anniversaire, menés par Matt McGachy et son vocal puissant et varié. Ça fait quelque chose en crisse d’entendre Defenestration et Open Face Surgery et d’aussi charmantes ritournelles en personne!

ABBATH est reçu en roi, et pour une fois, le son à la scène du Market Place est excellent du début à la fin. Je reconnais pas les premières tracks, peut-être elles viennent de la carrière solo du mythique panda fâché norvégien que j’ai pas trop suivie, mais ensuite il enchaîne avec des classiques d’Immortal comme In my Kingdom Cold, Tyrants, et un One by One qui me fait me garrocher dans le mosh pit. Une de mes chansons préférées ever, et une sur laquelle j’ai envie de thrasher depuis 2008, la seule et unique fois que j’ai vu Immortal en concert.

Les Sherbrookois de GORGUTS nous envoient une belle pelletée de death metal à l’ancienne ou alors bien prog, et je reconnais quelques tounes sans être en mesure de les nommer. Un autre excellent set mais qui se fond un peu dans la masse, encore high que je suis d’Abbath et attendant avec impatience MAYHEM. Je croise deux compatriotes chinois, qui proposent de se placer à la clôture extérieure, où on a, je l’admets, une excellente vue à 45 degrés. Finalement, je vais voir ce band fondateur de la deuxième vague de black metal norvégienne! Autrefois ils étaient des plus controversés et élusifs, mais depuis quelques années ils font beaucoup de tournée, juste que je les ai manqués. La facture visuelle est évocatrice, avec films qui jouent sur l’écran arrière et un Attila capuchonné qui lâche ses calls si reconnaissables, et ils jouent pas mal de pièces de leur milieu de carrière, des pas trop faciles d’accès, avec structures bizarres, longs passages expérimentaux et une ambiance qui est là pour te foutre les jetons. La deuxième moitié est bin plus straightforward, avec des interprétations de Chimera, Freezing Moon et Deathcrush qui nous laissent bouche-bée.

J’ai jamais été intéressé par Bloodbath, alors je vais manger des tacos au lieu. Je suis en chemin vers la douche et le lit (gonflable) mais un de mes chums me convainc d’aller voir ARCHAGATHUS au Soundstage, un band de Winnipeg qui roule sa bosse depuis un bout dans le monde du grindcore underground. C’est bien, mais je suis plus que saturé rendu là.

Alors, le Maryland Deathfest… je suis un peu mitigé. D’un côté, c’est indéniable que ces estis-là ont mis sur pied une des plus juteuses affiches de tout les temps, comme à chaque année, et j’ai eu indéniablement du fun à voir des sets de groupes qui me sont chéris et faire des découvertes. Tout le monde était cool et l’ambiance était très festive. Mais je peux pas m’empêcher de soulever les nombreux défauts qui font que ce fest se compare défavorablement à presque tous les niveaux au Obscene Extreme que j’aime tant, à part peut-être le fait que c’est à distance de char du Québec au lieu d’être au centre de l’Europe:

  • Les problèmes de son étaient franchement trop fréquents pour être excusables.
  • Faire la file pour la sécurité à chaque esti de fois qu’on change de scène est comprenable dû les circonstances, mais assez fatiguant aussi.
  • Le coût est un peu élevé.
  • Baltimore est un shitpit dégueulasse et dystopique.
  • Pas assez de places où s’asseoir.
  • Pas assez d’eau potable (et NON GODDAMNIT des bouteilles de 300 mL à $4 ça compte pas, fuck you)
  • La scène du Market Place est à un pied du sol et a pas d’écran.
  • Pas d’options de camping ou de logement en dortoirs, il faut arranger un hôtel ou AirBnB.

Mais fuck. Je me rappellerai quand même de cette édition du fest avec une vision positive, à cause des hauts qui étaient tellement hauts qu’ils en faisaient oublier les nombreux bas. Ma relation avec le Maryland Deathfest en est donc une semblable à un gars dont la blonde est une calisse de folle toxique, mais qui lui fournit du sexe cinq-étoiles. Vais-je retourner? On verra c’est quand la prochaine fois que je serai libre en mai, et on verra si j’aurai assez de willpower pour résister à l’appel de tant de groupes cultes de musique bruyante que j’aime tant.

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