Compte-rendu: Earslaughter 2024

Après quelques bosses dans la route et une pause forcée dûe à un gigantesque psy-op qui a duré trop longtemps, les gars du Earslaughter continuent d’organiser leur fin de semaine dédiée au grindcore dans la métropole québécoise et sont maintenant rendus à la sixième édition. Au début j’ai de la misère à trouver le Piranha, étant situé en plein centre-ville avec une foule de normies qui est trop dense pour pouvoir utiliser le bon vieux truc du “trouve une gang avec des gilets noirs pis suis-les” mais éventuellement j’arrive à bon port.

Un festoche de grind n’en serait pas un si il y avait pas quelques groupes complètement loufoques, comme GASTRONOMIC ERROR qui nous chie un set de noisegrind complètement décousu, avec une basse, un drum, un crieur et une fille qui fait juste déblatérer des passages parlés. Ils finissent en à peine 5 minutes, puis c’est le tour de BEAVER FEVER, qui joue pas bin plus longtemps. Il y a juste une Chinoise sur la scène, avec une guitare et un micro de style casque d’écoute, et elle joue un genre de noise rock avec un drum-machine qui sonne plastique et des vocaux stridents comme dans Flagitious Idiosyncrasy in the Dilapidation. Correct pour quelques minutes.

Avec SOIL OF IGNORANCE, on entre dans le domaine plus sérieux. Le power trio de Trois-Rivières s’est mis sur la map avec l’excellent LP Stop the Madness et quelques splits, j’avais hâte de finalement les voir. Du bon grindcore à l’ancienne, pour fans de vieux Brutal Truth et compagnie. SENSELESS STRIFE arrive ensuite, leur guitariste Bedaine arborant un gilet de Chadhel, vu qu’au Saguenay ça reste dans la famille, comme il me dit quand je lui complimente son habillement. L’été passé ils étaient juste deux, avec un drum-machine ultrarapide qui leur donnait une vibe à la Agoraphobic Nosebleed, là ils ont recruté le batteur de Deboned, qui utilise un drum électronique et donc garde le côté chimique et moderne tout en étant décontenançant et violent en crisse.

FUCK, BUD nous remmène dans le domaine du ridicule, deux blokes qui font juste varger sur une batterie et gueuler avant de tout crisser à terre et s’en aller sans élaborer. Au début ils sont en boxers, à la fin du set ils sont flambants nus, et j’admire le manque d’inhibition du chanteur, qui a la plus petite graine que j’aie jamais vue mais hésite aucunement à se foutre à poil dès que la foule l’encourage. Puis c’est le tour de COME MIERDA (Mange d’la marde!), groupe de grind/punk du New Jersey. J’écoute leur démo en boucle depuis que j’ai vu leur nom sur le bill, donc je reconnais les tounes, et c’est du bon. La chanteuse part sur une dérape un moment donné, au sujet de la police qui sont tous des bâtards sans exception, et que si tu es un liche-bottes tu devrais pas être présent à ce show. Heille sti, viens pas me dire quoi faire, je peux adorer le grindcore pis quand même aimer prendre des douches et reconnaître que la police est une institution nécessaire au bon fonctionnement d’une société civilisée, j’ai pas 14 ans tabarnak.

BRAIN TOURNIQUET fait un excellent et furieux powerviolence, des tounes de 30 secondes, the old way. Avec un look “hipster grindcore” plus qu’assumé, BACKSLIDER de Philadelphie joue son troisième Earslaughter, sur album ils incorporent quelques passages mid-tempo bien lourds mais en live c’est que du ultra-rapide, ce sont eux qui jouent le plus vite à date. Au début je suis drette en avant, mais on entend pas le vocal du tout alors je bouge vers l’arrière.

WARFUCK a sorti mon album de grindcore préféré de 2023, alors je suis plus que stoked quand ils commencent! Ils sont juste un duo, avec le guitariste-chanteur qui arpente la scène dès qu’il a pas les pieds posés devant son micro, mais putain qu’ils font du bruit. Ils mettent quoi dans l’eau en France?! Je pourrais pas dire quel pays fait le meilleur black ou death metal, il y a trop d’excellent matériel qui vient de différentes places, mais en terme de grindcore, la suprémacie française depuis plusieurs années est difficile à nier et c’est cool qu’un de ses meilleurs représentants soit des nôtres. Après le set je vais piquer une jasette et je vois que le gars porte une casquette de L’Hexaler qui nous emmène à parler de hip-hop français underground, de quoi je m’attendais pas du tout dans un show grind!

YACÖPSAE headline ce beau vendredi soir pour leur première fois au Canada, et les ayant vus juste la semaine d’avant au MDF, je sais de quel bois ils se chauffent. Ils décrivent leur style comme juste du “fast punk rock”, et les Allemands ont en effet un parcours différent des groupes short, fast n’ loud de la fin des années 80 qui venaient du thrash ou death metal. Le niveau de violence monte à 11, et je peux pas résister l’envie de me lancer dans le pit pour Tanz Grozny Tanz, même si elle dure moins qu’une minute.

Alors que je retourne à pied chez mon chum qui m’héberge généreusement dans le Plateau, je pense à cette soirée assez magique que je viens de vivre. L’enchaînement Come Mierda, Brain Tourniquet, Backslider, Warfuck et Yacöpsae en a été tout un, ça fait longtemps j’ai pas eu la chance de voir une séquence de cinq groupes comme ça qui ont tout cassé et livré des performances cinq-étoiles sans un seul maillon faible. Et j’ai déjà hâte à demain!

Le deuxième jour commence en force, avec PASTÖRAL, groupe de Rimouski dont les manieurs d’instruments à cordes jouent encagoulés et on respecte ça. Ils font un powerviolence frénétique et accrocheur qui me plaît bien, je trouve juste malheureusement qu’ils abusent un peu de la genre de voix de marionnette saccadée qu’on trouve parfois dans ce style. Le duo de TRUTH OF ALL DEATH nous arrive de Toronto avec un grindcore qui me fait penser à Wormrot, puis c’est DISEMBODIMENT, que je connais bien déjà, enfin un groupe de death metal pour rajouter un peu de sauce brune épaisse sur cette affiche. Les Sherbrookois alternent passages lents, blasts et parmi les meilleurs toupa-toupas de toute la scène death metal québécoise actuelle, du vrai gâteau.

RATPISS nous livre un beau deathgrind old-school, puis c’est HUMAN OBLITERATION, avec un set assez varié qui sonne crust et d-beat par bouts, mais avec la dernière track, Lost Cause, issue de leur premier album, on entend des influences thrash et hardcore. Après qu’ils aient volé le show au Obscene Extreme de l’année précédente, mes attentes sont stratosphériques pour SHITBRAINS, et ils livrent la marchandise encore une fois, rehaussant le niveau déjà assez haut après la première moitié de l’alignement. Leur grind/pv est vite en ti-péché et plein de stop-n-go, et il te fait demander pourquoi tant de groupes ont quatre ou cinq musiciens, si juste un duo comme ça peut faire autant de bruit.

De Rochester, HALLUCINATION REALIZED commencent leur set et demandant si quelqu’un peut leur filer du weed et en donnant un beau shout-out bien senti à leurs chums de Failure avec qui ils tournent. Ils garrochent du grind à l’ancienne avec minuscules éléments de death metal comme un gros son de basse et un vocal sec, leur approche rhythmique par bouts un peu plus lente que blasty me rappellant des bands comme Brain Corrosion ou Butcher ABC, bien qu’ils soient aussi capables et heureux de nous jouer ça à 250 bpm quand le temps vient. Ensuite on a MORGUE BREATH, avec la fille de Shitbrains à la basse. Je pensais ce serait du goregrind de gargouillis pour une raison quelconque, mais non, c’est du grind furieux empreint de death et de punk. Un autre excellent set!

ALTERED DEAD nous arrive de Victoria BC, un autre représentant du monde du death metal, avec un son caverneux et une emphase sur la pesanteur au lieu de la vitesse, avant que FAILURE ne remette les blast beats au menu, et deux grosses louchées plutôt qu’une. La formation italienne a sorti un sapristi de bon EP éponyme en 2017, une grosse bombe de powerviolence la pédale dans le fond que j’écoute en loop depuis plusieurs mois. Je reconnais donc quelques chansons, et je me dis que je devrais checker les autres sorties, parce que simonaque que ça rentre au poste, comme on dit par chez nous. Ils terminent ça avec un cover d’un pionnier italien du punk hardcore, une track de 1978 dont je n’ai malheureusement pas saisi le nom.

Il était supposé y avoir un autre headliner, mais des problèmes de logistique et de finances ont fait en sorte que c’est pas possible, alors YACÖPSAE revient sur les planches. Je pensais ils joueraient un set complètement différent pour l’occasion, comme Cripple Bastards au Obscene Extreme édition japonaise, mais ce sont pas mal les mêmes tounes, en tout cas celles que je reconnais. J’entends personne se plaindre, et même si en ce qui me concerne c’est la troisième fois en une dizaine de jours, j’en reprendrais une bonne pelletée n’importe quand, de ce band somme toute assez unique et qu’on a eu la chance d’être parmi nous pour un set aussi intime.

Alors, en guise de conclusion, fuck yeah! Le grindcore et ses dérivés et styles adjacents c’est pas pour tous, même dans le monde du metal, mais pour les trippeux qui se sont déplacés, ça a été une méchante belle fin de semaine. Gros gros props à David et Mitch pour l’organisation et la prise de risques.

Leave a comment

Website Powered by WordPress.com.

Up ↑