Mystères et diarrhée à Pyongyang

Pyongyang, République Démocratique Populaire de Corée, Juin 2013

Chus allé en Corée du Nord. Et aussi suprenant que ça puisse sembler, j’ai pas grand chose à dire là-dessus. J’veux dire, oui, c’était vraiment weird et intéressant, mais vu que c’était une visite organisée, chus allé aux mêmes places, mangé les mêmes choses, et pas mal fait la même chose que tous les touristes qui y vont à chaque année. J’ai lu quelques blogues, et j’avais l’impression de me lire.

L’avantage d’être dans un groupe organisé (c’est absolument nécessaire pour obtenir le visa) est qu’on avait un petit autobus qui nous amenait partout: ainsi, durant les sept jours là-bas, on a vu tous les monuments de Pyongyang, la bibliohèque nationale, le cirque, une exposition d’agriculture, un méga parc d’attractions ultramoderne, une game de soccer, la zone démilitarisée, le lieu de naissance de Kim Il-Song, et on est même allé jouer au bowling. On est sortis de Pyongyang aussi, pour deux jours sur la côte est du pays, à Wonsan.

Mais c’est pas juste de ça je veux parler, pour tu-suite en tout cas. Plutôt, j’ai juste une histoire scatologique et étrange, qui est juste encore plus étrange à cause du fait que c’est arrivé en fucking Corée du Nord, of all places:

Il doit être environ deux heures du mat’, et je dors à poings fermés, quand tout à coup ça cogne à ma porte. Je me réveille tout confus, et me demande chus où. Ah ouin, à l’hôtel Yanggakdo, downtown Pyongyang. Ça cogne une deuxième fois, et je me dis que c’est sûrement mon coloc qui est saoul et a oublié sa clé. On est dix dans le groupe, tous des dudes entre 25 et 45 ans, et chaque soir ils y vont fort.

La bière nord-coréenne est délicieuse, en passant; Kim Jong-Il a acheté une brasserie en faillite dans le sud de l’Angleterre, et l’a ramenée pièce par pièce au pays. Il y a aussi des microbrasseries, où tu peux avoir une grosse pinte de ale pour moins qu’une piasse (les Coréens boivent gratis, ils payent avec des coupons).

une bonne cervoise nord-coréenne
Une bonne cervoise nord-coréenne

Moi j’y vais avec modération… j’ai un marathon la semaine qui vient, dès que je suis de retour en Chine. Je suis fucking pas prêt, mais au moins je vais me limiter à deux bières par jour d’ici là.

Et là, alors que je me lève et marche lentement vers la porte les yeux pleins de dormu, je vois que mon coloc est dans son lit, ronflant doucement, cuvant sa bière et son soju. WTF? C’est qui qui cogne alors? Je presse le pas.

Je regarde par le trou: personne.

J’ouvre la porte, regarde à droite: personne.

Regarde à gauche: un bonhomme tout nu qui frappe frénétiquement à une porte voisine. Il me voit, lâche un cri, et entre dans la chambre.

J’ai pas vu c’est qui, sans mes lunettes et dans la pénombre de l’hôtel super tranquille – il est énorme, genre 40 étages, mais seulement quelques milliers de touristes visitent ce pays bizarre chaque année, on l’a donc à nous presque seuls.

Je sais pas non plus si je suis plus en maudit de m’être fait réveiller pour un prank si idiot, où plus amusé par le fait que y a une chance non-zéro qu’un garde de sécurité nord-coréen capture un touriste à poil, courant de corridor en corridor.

Je retourne me coucher.

Pyongyang vue de ma chambre d'hôtel
Pyongyang vu de ma chambre d’hôtel

Quelques heures plus tard, je me réveille avant tous les autres, question d’aller faire un ti-jogging. Et dès que je sors de la chambre, je constate que le problème est bien pire que l’infantile petit prank auquel je croyais avoir affaire.

Shit got real.

Dans le sens propre du terme, quoi qu’il y ait juste le sens qui soit propre ici.

La mince moquette du corridor est COUVERTE de marde. Sacrament de calisse. Une longue, longue traînée brun pâle encore fraîche que je suis morbidement, question de comprendre quel genre de carnage fécal vient de survenir.

Je rapièce le tout assez vite: la trail commence un peu en face de ma porte, quelques petites noisettes ici et là qui grossissent à mesure qu’on s’éloigne. Puis elle bifurque, et culmine dans la cage de l’escalier de secours, où on dirait que quelqu’un a fait exploser un pot d’un litre de beurre de peanut extra-crunchy. Y en a même sur les murs.

Puis la trail s’étend en décrescendo dans l’autre direction, non-coïncidemment celle où j’ai vu le loustic disparaître.

Pas besoin d’être Sherlock Papineau: notre pauvre ami trop plein de kimchi a dû être pogné d’une méchante envie, et trouvait pas sa clé. Il est donc venu cogner à ma porte, question d’utiliser ma toilette en catastrophe, et vu que je prenais trop de temps à ouvrir, bin, quelque chose d’autre s’est ouvert. Il a eu la bonne grâce de relâcher le tout sur le plancher de béton de l’escalier de secours, mais y a quand même une quantité considérable qui s’est ramassée sur le tapis.

Et le fait qu’il était complètement nu? Holy hell, je veux pas savoir où et dans quel état lamentable sont ses vêtements. Il s’est même débarassé de son gilet… c’est du sérieux.

Alors que fais-je? Est-ce que je réveille notre guide? Je suis pas sûr de son numéro de chambre, et anyway, c’est fait, c’est fait. Je me dirige vers l’ascenseur, en faisant attention de pas piler dans le ruisseau.

Je sais pas ce qui est arrivé ensuite, si le gars a eu à payer pour le nettoyage ou pas (ils m’ont fait payer 15$ pour le pommeau de douche déficient qui m’est resté dans les mains, gang de cheap-asses) mais disons juste qu’il y a eu beaucoup, beaucoup de jeux de mots shitty pour le reste du voyage.

C'est moi dans le coin en bas à droite, pour vous donner une idée des dimensions
C’est moi dans le coin en bas, juste pour vous donner une idée de l’échelle

Leave a comment

Website Powered by WordPress.com.

Up ↑