La fois où chus allé dans le Sahara

Le Maroc nous plaisait beaucoup, à ma douce et moi. Faut dire qu’on avait pas encore été à Marrakech, pire sacrament d’endroit sur la planète entière. Tangier, Chefchaouen et Fez avaient été de magnifiques expériences pour différentes raisons, avec un courant constant d’exotisme peu dilué (malgré le gros nombre de touristes), paysages urbains assez incroyables, et une vibrante culture nord-africaine/musulmane moderée avec un petit soupçon européen dedans (genre que quasiment tout le monde parle français). Ah oui et le rif kif bien sûr.

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Chefchaouen

Après une longue randonnée dans un autobus de nuit s’aventurant dans un terrain de plus en plus denoué de vie et poussiéreux, on débarque à Merzouga, dans le sud du pays. Pas une ville à proprement parler, juste quelques petits buildings carrés de la meme couleur que le sable du Sahara environnant. Quelques chevaux et chameaux se promènent dans un enclos au loin, les seuls êtres vivants à 360 degrés de vue. On est loin en crisse de Gatineau.

On se promène un peu puis on trouve notre hôtel, reconnaissable aux planches de sandboarding brisées, collées à la façade et peinturées de toutes sortes de couleur. Il y a même une piscine, à l’eau trop chaude pour être rafraîchissante et avec quelques débris dans le fond, mais je me baigne pareil.

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Évidemment, la raison pour faire ce détour aussi creux dans le fond du pays (au moins 12 heures de bus de Fez ou de cette tache de marde qu’est Marrakech) est d’aller dans le Sahara, alors on arrange ça avec le tenancier d’hôtel. Un monsieur vient nous chercher, habillé exactement comme tu imaginerais un dude qui vit dans le désert. Il parle pas français et certainement pas anglais, en fait le boss nous dit qu’il parle peu arabe, juste un dialecte berbère local. Il inspire confiance cependant, avec son gros sourire complètement denué de fakeness, dans sa barbe épaisse. En fait il arrêtera jamais de sourire, ni même de chanter, durant tout le temps on passera avec lui. Un joyeux drille.

Il nous emmène à l’enclos, où on rencontre nos autres compagnons avec qui on va aller se promener dans le plus gros désert au monde. Eux, par contre, ils inspirent pas confiance pantoute, ils nous fixent d’un regard à la fois vide et plein de dédain. Ils puent un peu, et je trouve un peu creepy la façon qu’ils sont assis à terre avec les genoux qui plient du mauvais bord. On s’est fait dire de pas approcher notre main de leur face, parce que y a des grosses chances d’y laisser des doigts.

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J’ai jamais monté sur un chameau, il faut se cramponner, parce qu’il lève son cul en premier et ensuite le devant du corps. Une fois en haut, je suis bin plus haut que sur un cheval, ça prend quelques secondes à s’y habituer. Smiley marche en avant, traînant notre petit convoi, en fredonnant une douce mélodie. Bien vite on s’engage dans les dunes, paysage épeurant et époustouflant s’il en est un. Il y a absolument aucune plante, juste du sable fin. Je regarde vers l’est, et me dis que c’est quand même craqué mental que c’est le meme paysage que quand chus allé aux Pyramides d’Égypte, et que entre les deux, y a quelques milliers de kilomètres avec que des dunes et une absence de vie, à part quelques lézards bizarres et des très rares caravanes. Des humains habitant loin de là ont décidé un peu arbitrairement que ces pays s’appellent le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Libye, le Niger, le Tchad pis l’Égypte, mais pour les nomades du coin, y a que le désert. Je sors ma pipe et ma boule de rif kif.

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On arrête à notre petit campement, quelques tentes cubiques avec des tapis au milieu. Pour me dégourdir les jambes un peu, je monte sur la plus haute dune, ce qui s’avère pas super facile avec le sable tout lousse. On doit être à à peine deux kilomètres de Merzouga, que je vois très bien juste à l’horizon, mais dans les trois autres directions, que des dunes à l’infini.

Smiley est devant la tente-cuisine, nous assemblant un gros festin. De la salade, du pain plat épais, un tagine de mouton, des olives, le tout rincé par du thé noir sucré. La belle vie. Après le souper, bien repus, on est là à boire du thé et manger des sucreries (j’ai pas la dent sucrée d’habitude mais comme pour beaucoup de choses, je dois reconnaître que dans le domaine des petits desserts à 1000 calories du gramme, ils l’ont l’affaire les Arabes) et ça nous prend quelques secondes avant de remarquer quelque chose qui cloche.

“What the hell? Y pleut?!?!?!”

Des grosses gouttes tombent lentement, faisant des ronds foncés dans le sable et des TAC TAC TAC quand ils tapent les toiles. Hé oui, supposément qu’il pleut des fois dans le Sahara, mais ça dure pas très longtemps. J’imagine que si on allait à sept jours de chameau vers le sud-est, ça arriverait moins, ou pas pantoute.

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On est chanceux d’avoir le campement à nous seuls, et on dort magnifiquement sur la pile de coussins de notre tente après avoir checké le coucher de soleil. On reste à Merzouga une journée de plus, relaxant et allant sur une excursion de sandboarding, avant de prendre le bus qui nous garroche au milieu de cet hemorrhoïde rempli de pus et de SIDA à l’état pur qu’est Marrakech.

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