Qui sont les hashers?

En dédiant les 15 dernières années de ma vie à explorer les recoins de notre planète et en posant mon sac dans des pays loin d’où j’ai grandi, j’ai été exposé à pas mal de cultures, sous-cultures, sous-sous-cultures, sports, activités de toutes sortes, et certaines ont entré dans ma vie: la capoeira, le tai chi, le cyclotourisme de distance, et récemment, le hashing.

Une petite recherche superficielle sur Gougueule me mène à croire que les Hash House Harriers sont un peu présents au Canada anglais mais virtuellement inconnus au Québec, étant quelque chose de très britannique à la base. Ça a commencé en Malaysie au milieu du siècle dernier: une gang d’officiers de l’armée anglaise stationnés là ont commencé à faire du cross-country les dimanches, sur un sentier différent à chaque semaine, marqué par des signes pas toujours très clairs, et avec consommation de bière pendant et après, parfois même avant. A drinking club with a running problem, comme y disent.

Faque c’est pas mal ça. Mon bled dans l’est de la Chine a un chapitre, et vu que la communauté d’expats est pas très grande et que tout le monde se connaît, j’en ai entendu parler et j’étais un peu intrigué, étant friand d’exercice en plein air non-compétitif et bin sûr de bière. J’ai donc joint ce club social, et après presque un an et plusieurs trails, je suis rendu un véritable hasher.

La façon que ça marche est que tu te rends au point de départ (le on in) où tu rencontres tes chums et les nouveaux arrivants, appelés les virgins, et tu paies les quelques piasses de frais de participation si c’est pas fait à l’avance. Après un petit briefing, notamment au sujet de ce que les différents signes veulent dire, et un peu d’étirement, on se met en route. Des fois il y a deux routes, un pour les wankers (les marcheurs) et les racists (les coureurs), j’ai fait la course quelques fois, c’est quand même bizarre faire du jogging avec le bedon rempli de bière, mais je préfère la marche astheur, c’est plus social, vu que je suis un pouiche coureur je me ramassais souvent tout seul à traîner en arrière.

Le sentier est marqué par les hares (les “lièvres”), qui changent à chaque fois. Certains clubs plus gros requièrent que tu aies déjà participé à au moins cinq hashes avant de pouvoir être un hare, mais notre club étant plus modeste et moins à cheval sur des règles connes, j’étais le hare à ma troisième participation, sous la supervision d’une des membres plus séniors. Les marques sont des lignes de craie ou des spots de farine ou autres cossins biodégradables, des fois évidents, des fois un peu cachés, et avec des crosses du genre ça te dit de tourner à droite mais après 150 m tu tombes sur un FT (false trail) ou un gros X, ou alors un cercle à une intersection, qui signifie open check, ce qui veut dire que le groupe se sépare et va regarder dans différentes directions avant que quelqu’un trouve le bon chemin. Quand ça arrive, quelqu’un crie “On on!” pour que les traîneux savent où se diriger.

La variété des trails est ce qui rend les choses intéressantes. Des fois c’est la nuit, des fois l’après-midi, dans le milieu de la ville avec des curieux qui nous regardent, dans les montagnes, dans les sentiers de parcs, dans le bois avec des branches qui nous graffignent la face. La seule chose constante est qu’après quelques kilomètres, tu tombes sur le beer stop, où tu peux (et est encouragé à) siroter une bière froide qui fait tout le temps du bien. Après ça, ON ON! et tu continues.

Rendu à la fin, d’autres bières t’attendent, et ensuite c’est le cercle. Un genre de debriefing d’après course/marche, où les gens chiâlent contre les hares pour avoir marqué une trail de marde (leur punition: caler de la bière), où les virgins se font souhaiter la bienvenue (et forcer à caler une bière), où les visiteurs d’autres chapitres des HHH se font également accueillir (avec une bière) et surtout, où ceux qui ont commis des crimes, genre pisser dans le bois, gaspiller de la bière, prendre des racourcis, arriver en retard, etc. se font punir. Vous l’aurez deviné, en calant de la bière. Tout le monde peut accuser quelqu’un d’autre, mais doivent boire une bière avec leur accusé.

Alors ouin, c’est un peu niaiseux mais plutôt amusant aussi, avec un bon esprit de camaraderie qui se développe. Et pour rajouter à ça, il y a des chansons, la plupart du temps une mélodie connue mais avec des paroles vulgaires, genre avant de faire caler de la bière aux virgins, on chante en coeur sur l’air de Frère Jacques:

We got virgins, we got virgins,

At our hash, at our hash

Gonna get them fucked up, gonna get them drunked up

Up the ass, down the hatch

Down down down down down down!

Vous voyez le style. Et tous les hashers qui se sont fait baptiser se ramassent avec un surnom, la plupart du temps loufoque et/ou vulgaire. Le baptême est quelque chose d’assez heavy merci, souvent une douche de bière et des affaires assez humiliantes genre se mettre un strap-on dildo autour de la tête. Après ça, plus souvent qu’autrement un souper s’ensuit, et quelques autres drinks dans un bar quelconque.

En tout cas moi j’ai bin du plaisir à faire ça, et vu que c’est un phénomène mondial (bien que assez niché évidemment) il y a moyen d’aller participer aux hashes dans plein de différentes villes. Quelque chose à considérer pour le futur.

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