L’Azerbaijan est un clair exemple de places qui font demander “Quess Tu Vas Crisser Là?!”. Comparé à ses deux voisins, la Géorgie et l’Arménie, ce petit pays de l’ex-URSS a beau avoir un peu plus d’influence géopolitique à cause de son pétrole, mais en terme de tourisme, c’est loin d’être une destination prisée. En plus, la plupart des nationalités ont besoin d’un visa quand même assez dispendieux, et d’une réservation d’hôtel. Moi j’avais le goût de compléter le tour du chapeau du Caucase, et j’avais un vol qui passait par là anyway. Air Azerbaijan ont accepté d’allonger mon escale pour que je puisse y passer une semaine, alors boom, j’y atterris en juillet 2015.
Bakou me donne une bonne première impression, surtout que mon argent va loin. Je dois recalculer mentalement une couple de fois, mais ouin, le billet d’autobus pour aller de l’aréoport jusqu’à mon hôtel est bel et bien 25 cennes canadiennes. Tout est affiché en azeri, une langue qui s’apparente au turc, et en russe. En fait dire que l’Azerbaijan est 2/3 Turquie et 1/3 URSS serait pas trop loin de la réalité. Le gros cash du pétrole s’étend peu à peu, et dans la fenêtre du bus, des buildings beiges un peu délabrés s’alternent avec des centres d’achats qui vendent des cossins de luxe. Il y a pas mal de mosquées aussi, pas mal le seul signe visible (autre que le croissant et l’étoile sur leur drapeau) qu’on est dans un pays musulman: les chicks, fort jolies d’ailleurs, se promènent en liberté avec les cheveux au vent et la cuisse exposée, et la bière est vendue en abondance à chaque kiosque.
La corniche sur le bord de la Mer Caspienne est un plutôt agréable endroit où aller prendre une marche, parmi les petites familles qui vont jouer au parc, les vendeurs de galettes non-identifiées mais alléchantes, et il y a aussi plusieurs expositions d’art en plein air. Pas mal peu importe où on est, on peut voir les deux choses les plus célèbres de cette ville: l’immense drapeau qui flotte au vent, le plus gros au monde (ou le 2e je pense, un autre politicien mégalomane en Ouzbekistan en a commissionné un encore plus gros depuis), et les trois gratte-ciels en forme de flammes. Bin, je dis gratte-ciels, ils sont sérieusement pas si grands en personne, ils sont juste stratégiquement placés en haut d’une colline.
Mais ce que j’ai le plus le goût de voir est à une heure en dehors de la ville. Je me lève raisonablement tôt, je trouve quel bus prendre et je saute dedans. Bin vite on est rendus en campagne, où là, les pétrodollar$ se sont pas rendus, et on voit que l’Azerbaijan est encore un pays assez pauvre, malgré le développement dans la capitale et toutes les rénovations qu’ils ont fait en prévision de l’Eurovision qui a été présenté là. Les signes en russe ont aussi disparu, tout est rendu écrit en unilingue azeri. Heureusement, les gens le parlent encore, parce que sinon je serais un peu dans la marde, avec mes zéro mots d’azeri qui vont évidemment moins loin que mes 50 mots de russe. Un monsieur moustachu sympathique s’assure que je débarque au bon endroit.
…qui s’avère être le milieu du nowhere. Juste de la poussière, un petit magasin de communiste qui vend des cannages et de la vodka, et la mer au loin. Un bonhomme bedonnant dans une Mercedes des années 80, stationné sur le bord de la route, m’interpelle et me demande si je veux aller aux volcans de Qobustan. Il est plutôt perspicace. On négocie un prix, et j’embarque.
Il parle pas anglais, mais comme tous les Turcs, possède des rudiments d’allemand, alors je puise dans mes langues étrangères question de faire un peu de conversation. Après une minute ou deux sur la grande route, il tourne sur une trail en garnotte, et peu après on voit les petites buttes de bouette toutes craquées qui sont la raison de ma venue ici.
Y a pas de guichet, de clôtures, de foules ou d’autobus plein de Coréens âgés avec des calottes qui matchent, juste moi et mon chauffeur (je me rappelle pus de son nom, appelons-le Gerry, y avait une face de Gerry). Ce genre de choses me font apprécier que l’Azerbaijan est pas encore sur la mappe touristique.
Sur le site, une quinzaine de monticules de bouette grise d’à peu près deux mètres de haut sont dispersés, la plupart tout secs et craquelés, certains avec des traînées de boue fraîche qui ont coulé sur le côté. Quand je jette un oeil dans le cratère, de temps à autre une bulle se forme, avec des fois même un son de pet juteux et un petit nuage de gas sulfureux. C’est plutôt amusant.
J’imagine que y a une raison géologique pour ça, mais je saurais pas trop quoi. Si vous voulez en apprendre plus, allez checker sur Wikipedia. Chus un vagabond moé, pas un scientifique spécialiste en tas de bouette qui font prout.
Un groupe de touristes arrive, dans un Jeep tout neuf, avec un guide qui leur explique le site en anglais. Ils ont dû venir de Bakou directement, et payer bin plus cher que moi, alors je dirais bin que je me sens supérieur à eux, mais en fait j’ai passé ce stade élitiste depuis longtemps, et chus plutôt juste un peu jaloux qu’ils se feront bin moins chier que moi, à attendre le bus au gros soleil pour retourner en ville, et je me mords d’être si pauvre et tout le temps sur un budget de crève-faim. Je tends l’oreille aux explications de leur guide, qui dit que bien que les petits volcans sont inoffensifs, des fois y en a un qui érupte avec force et jette de la bouette en feu à des kilomètres autour. Metal!!!!!! \m/
Gerry me conduit jusqu’au musée, pas loin de là, avec quelques explications sur la géologie de l’endroit mais aussi des animaux empaillés et des pétroglyphes, des graffitis laissés dans la roche par les bonhommes qui étaient là 40 000 ans auparavant. Il y a aussi un rocher creux, que si tu tapes dessus tu entends un bruit de cruche vide. Un bien sympathique et instructif site touristique low-key comme je les aime.
Leave a Reply