Les linguistes estiment que 6000 langues sont parlées sur cette planète, et en tant que globe-trotteur en herbe tu vas en entendre une méchante variété lors de tes périples. Certaines sont beaucoup plus répandues et utiles que d’autres, et leur apprentissage au-delà des rudiments peut t’aider énormément, que ce soit pour les transactions de tous les jours (acheter des bananes, t’informer sur les horaires de bus), te faire des chums (ou des copines), et en général bénéficier d’une expérience bin plus immersive que celle du touriste béat moyen.
Évidemment, c’est pas le cas pour toutes les langues. J’écris ceci du Sri Lanka, et je pense pas me mettre au cingalais ou au tamoule de sitôt, avec leur portée réduite, leurs alphabets bizarres et le fait qu’on se démerde en anglais très bien dans ce pays. Ce sont ces facteurs qui me font dresser cette liste aujourd’hui:
Est-ce que cette langue est parlée par beaucoup de monde, dans beaucoup de régions? Ça élimine le hongrois, l’italien, le vietnamien, etc.
Est-ce que cette langue est parlée quelque part ou personne parle anglais (ni français)? Ça élimine l’allemand, les langues scandinaves, les langues indiennes en général, et les langues bizarres des îles du Pacifique.
Est-ce que cette langue est pas trop fuckin difficile? C’est sûr qu’apprendre n’importe quelle langue implique pas mal d’efforts, mais disons-le, certaines demandent pas mal plus d’efforts que d’autres.
Voici donc les langues étrangères que je recommande de mettre un effort dessus:
L’anglais

Pas besoin d’élaborer trop là-dessus. La langue de Shakes-pas-pire est la lingua franca de ce monde et même dans les pays où son usage est peu répandu voire inexistant par le péquenot moyen, ce sera quand même la langue seconde utilisée dans les aéroports, la business internationale, le tourisme mainstream. Si ton anglais est à chier, travaille un peu dessus. Heureusement, voyager internationalement est une excellente façon de le pratiquer et l’améliorer. Je viens de l’Outaouais, où la maîtrise de l’anglais est pas mal plus haute que dans pas mal de places au Québec, et parfois j’oubliais cette réalité quand je rencontrais des Quebs à l’étranger et qui en arrachaient un peu ou beaucoup.
L’espagnol

Peut-être que je suis un élitiste assumé, mais je trouve que les backpackeurs long-terme en Amérique Latine qui parlent pas un maudit mot d’espagnol sont crétins. Je parle pas de si c’est ton premier voyage à Cuba ou de si t’es à Punta Cana pour une semaine afin d’échapper à l’hiver, mais si ça fait six mois que tu bourlingues en Amérique du sud et faut je commande tes tacos pour toé, tu baisses dans mon estime en sacrament. C’est pas que une question de “respect pour leur culture” ou “d’expérience authentique” c’est juste que à part quelques minuscules places dans le monde hispanophone, tu vas vraiment vraiment pas chier loin avec juste de l’anglais alors pourquoi se compliquer la vie? C’est comme aller marcher 5 km avec les lacets détachés. L’espagnol est sûrement la langue la plus facile à apprendre ou maîtriser, surtout pour un francophone, alors je me demande juste pourquoi certains le font pas, et surtout comment, à moins d’être vraiment obtus ou déficient mental.
Et malgré des différences de prononciation et de vocabulaire ou même de grammaire entre, disons, Cuba et l’Espagne, ou le Mexique et l’Argentine, qui sont somme toutes pas si pertinentes pour quelqu’un qui cherche juste à communiquer et avoir du fun en voyage, tu as maintenant accès à genre 500 millions de gens.
Le russe

Bon, j’ai dit que l’espagnol est facile, mais le russe est une autre paire de manches. Ses règles de grammaire ont dû être écrites par Satan en personne. Mais quand je dis “apprendre le russe”, je veux pas dire “être capable de lire Dostoïevsky en version originale” (même en version traduite c’est plate en simonaque du Dostoïevsky) ou “discuter avec nuance de la situation politique en Crimée”. Je veux pas dire non plus “apprendre à dire salut, merci, pis donne-moé une bière”. Il y a un entre-deux plutôt désirable si tu veux être capable de fonctionner dans un pays de l’ex-URSS (à part les pays baltes, Estonie, Lettonie et Lituanie, qui regardent vers l’Europe et où non seulement l’usage de l’anglais est répandu, mais tes mots de russes vont faire froncer des sourcils).
Dès mon premier jour au Kazakhstan je me suis rendu compte que si j’apprenais pas mon russe, je mourrais de faim. Essayer d’y parler anglais c’est aussi futile et idiot que d’essayer de communiquer à Québec en japonais. C’est pas absolument impossible, mais bonne fuckin chance. En fait t’as quasiment plus de chances de trouver du monde qui parle français, les russes sont encore plutôt francophiles.
Quoiqu’il en soit, je recommande au minimum absolu d’apprendre l’alphabet cyrillique. C’est vraiment pas dur, quand ce sont des caractères imprimés. Plus tard, donne-toi avec l’écriture attachée à la main si tu veux, mais c’est pas super nécessaire pour être capable de lire les pancartes et etc.
Apprends les nombres, et les phrases de base habituelles, pour ce qui est de demander “Où est le sauna?”, “Combien cette bouteille de vodka coûte?” et les salutations. Sache aussi qu’il y a plusieurs formes polies ou plus relaxes, et que dire l’équivalent de “Heille salut, tu vas-tu bin?” à une madame âgée va causer un malaise dans cette société encore très old-school et vice versa, vouvoyer un enfant va faire marrer les gens.
Les russes, malgré leur extérieur un peu froid, brisent la glace très facilement et bin vite tu te feras des chums qui se feront un plaisir de t’aider à augmenter ton vocabulaire et t’apprendre des vulgarités.
Le français

Bon, évidemment que si tu lis ce blogue tu as pas besoin d’apprendre à parler français. C’est plutôt pour les voyageurs hardcore anglophones ou d’ailleurs dans le monde, ils finissent par se rendre compte à quel point la Francophonie est énorme et comment un français de base peut être utile. Notre belle langue est en usage pas juste au Québec et en France/Belgique/Suisse, mais dans les Caraïbes, dans un gros chunk d’Afrique, en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie, sans compter toutes les places où des francophiles vont la parler comme langue seconde.
Avec ces langues-là au moins à un niveau conversationnel de base dans ton portefeuille linguistique mental, tu devrais être capable de communiquer dans une grande partie du monde. J’imagine tu parles déjà français pis anglais: donc à la question “Quelle langue(s) je devrais apprendre si je veux voyager le monde entier?”, je réponds d’ajouter l’espagnol et le russe à ton carquois.
Astheur, voici quelques items qui font pas la liste:
L’arabe

Avec son grand nombre de locuteurs (et en croissance! Ils font pas mal d’enfants eux autres), de la Mauritanie jusqu’à l’Irak, on pourrait s’attendre à ce que je recommende son apprentissage, mais non. Dans la majorité du monde arabe, on peut y communiquer dans une autre langue. En Algérie, en Tunisie, à Marseille et au Maroc, les gens parlent français comme des champions. Dans le Golfe (Koweit, Émirats, Qatar, etc.), une grosse population d’expatriés et de travailleurs indenturés font que plus d’anglais que d’arabe y est parlé. Au Liban, l’anglais ET le français sont répandus. Il reste l’Égypte… mais à moins d’y rester pour très longtemps et/où d’être en amour avec la langue, chus pas sûr que ça vaille la peine de se consacrer à son apprentissage juste pour un pays.
Le portugais

Le portugais est nécessaire pour voyager au Brésil (et NON, juste “leur parler en espagnol” est pas un substitut acceptable à moins d’être vraiment mal pris ou de vouloir faire chier) et a une certaine portée dans divers pays d’Afrique et bien sûr au Portugal, mais devrait quand même pas avoir précédence par-dessus l’espagnol et le russe. C’est une langue magnifique qui donne accès à une culture qui l’est tout autant, et je suis très content de l’avoir apprise, alors donne-toi si ça te dit, juste que ça fait pas ma liste d’essentiels.
Le chinois (mandarin)

T’as même pas besoin de sortir de l’aéroport pour te rendre compte que juste l’anglais va te mener nulle part en Chine. Un peu mieux à Taiwan, mais leur anglais est quand même très minable. Beaucoup de préparation mentale est requise, ainsi qu’un phrasebook (ou sinon les cool kids utilisent des applications sur leur téléphone, de nos jours). Si tu parles chinois, tu auras une sééééérieuse longueur d’avance sur les touristes qui le parlent pas du tout. Mais, vu que c’est une langue parlée juste dans deux pays (dont un calvince de gros, mais quand même), et que c’est vraiment pas une facile, je la mets pas sur ma liste pour débutants.
Et… c’est pas mal ça. Bien sûr, tout dépend du contexte, et peut-être que tu te trouveras à prioriser une autre langue complètement, genre, si tu adores les dessins animés pervers japonais et que tu rêves d’aller visiter ce pays, ou si ta mail-order bride est roumaine, ou si tu t’en vas travailler en Tanzanie. Je dis juste que ces langues (français, anglais, espagnol et russe intermédiaires) sont ce que je recommande pour être capable de voyager au plus grand nombre de places possible sans trop de barrière de langue.
Je vais ajouter que, comme dans le cas de tous les conseils non-sollicités, ultimement tu fais ce que tu veux, chief. Je connais du monde qui ont voyagé dans genre 150 pays avec pas un maudit mot d’une langue autre que l’anglais, et qui ont eu un fun noir. Bonne route!
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